Eugène Leroy, peintre atypique du Nord de la France, est actuellement à l'honneur au Musée d’Art Moderne de Paris, jusqu’au 28 août prochain, et au Muba-Eugène Leroy à Tourcoing, jusqu’au 2 octobre 2022.
Eugène Leroy est toujours resté fidèle à sa terre natale du Nord où il a travaillé comme un artisan sans chercher à briller sur la scène parisienne. Il n’a jamais été à la mode. Mais, attention, ce n’était pas non plus un artiste maudit. Il a bénéficié du soutien de collectionneurs de sa région, notamment parmi les industriels du textile. Ce qui lui a permis de vivre de son art.
Eugène Leroy est difficile à classer. Il n’a jamais voulu choisir entre peinture figurative et peinture abstraite. À une époque où il fallait être d’un côté ou de l’autre, sa peinture était les deux à la fois. Ce qui constituait peut-être la pire faute aux yeux des deux camps. N’étant soutenu ni par les uns ni par les autres, Eugène Leroy est resté un marginal dans le monde de l’art.
Il faut le voir pour le croire ou plutôt pour le comprendre. Eugène Leroy a développé une technique très particulière que l’on peut résumer ainsi. Il partait d’un motif figuratif. Un visage, un corps, un paysage, un bouquet de fleurs qu’il représentait sur la toile. Mais ensuite, il recouvrait ce motif de couches successives de peinture, des couches qui finissaient par atteindre une épaisseur de plusieurs centimètres. Le motif se trouve donc comme enseveli sous ce qui apparaît parfois comme une terre labourée. Mais il reste tout de même discernable. Il faut parfois cligner des yeux, enlever ses lunettes mais on finit par le voir. Et cette découverte est très touchante, comme quelque chose qui nous parviendrait de très loin.
Il faut d’abord souligner son amour des maîtres anciens et tout spécialement de Rembrandt qui a fait naître son désir de peindre. Il est donc souvent parti de tableaux célèbres qu’il a interprétés à sa manière, parfois à plusieurs reprises, comme le Concert champêtre de Giorgione qui est au Louvre.
Eugène Leroy a peint de nombreux nus et sa technique donne une épaisseur émouvante au mystère des corps. Mais, dans l’exposition de Paris où les œuvres sont présentées par thèmes, il y a une salle qui m’a beaucoup touché, celle consacrée aux crucifixions. Notamment une dans des tonalités de gris où le corps du Christ émerge doucement. Une petite touche de rouge au centre du tableau rappelle la plaie de son côté.
Musée d’Art Moderne de Paris, jusqu’au 28 août
Muba-Eugène Leroy à Tourcoing, jusqu’au 2 octobre
Chaque mardi à 8h45, Guillaume Goubert et Simon de Monicault présentent une exposition ou un événement qui raconte l'histoire de l'art.
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