C'est au film "Des hommes et des dieux" (2010) de Xavier Beauvois, où il incarne Frère Luc, l'un des sept moines du monastère de Tibhirine assassinés en 1996, que Michael Lonsdale doit l'unique césar de sa carrière, celui du meilleur second rôle masculin. Une carrière d'acteur pourtant impressionnante, aux côtés d'Alain Resnais, Marguerite Duras, Buñuel ou Truffaut, mais aussi dans de grandes productions hollywoodiennes, comme "Moonraker", de la série des James Bond (en 1979), ou "Le Nom de la rose" (en 1986) avec Sean Connery. Le comédien franco-britannique a aussi mené une vie théâtrale des plus riches, il a joué Beckett et Ionesco, mis en scène "Récits d'un pélerin russe" et interprété "Les Fioretti" de saint François d'Assise au festival d'Avignon (en 1994). La peinture aime et pratique depuis sa jeunesse. Et puis, au cœur de tout cela, la foi chrétienne, qui a tenu une place essentielle dans la vie de Michael Lonsdale. Pour rendre hommage à l'artiste, RCF rediffuse l'entretien Visage qu'il avait accordé à Thierry Lyonnet en 2009.
Né à Paris en 1931 d'un père anglais et d'une mère française, Michael Lonsdale a vécu, enfant, 10 années au Maroc (de 1939 à 1947). "Des années de bonheur d'enfance incroyables malgré la guerre" et malgré l'arrestation de son père et l'attaque de Mers el-Kébir en 1940, "un drame terrible". Le Maroc, c'est là qu'est né son désir de devenir comédien, quand il regardait "les grands films américains" de John Ford et Howard Hawks... "Je voyais les films et j'y pensais, j'y repensais, ça restait dans ma tête." Pourtant, quand, après la guerre, sa famille s'est installée à Paris, l'adolescent timide qu'il était hésitait encore entre la peinture et l'art dramatique.
Ses parents, tous deux élevés dans la foi chrétienne, n'étaient pas pratiquants, mais sa mère lui "parlait de Jésus". "Ça me touchait, confiait-il, on ne peut pas expliquer pourquoi, Jésus c'était Jésus." Au Maroc, sa rencontre avec "un musulman comédien", qui "le soir dans les cafés de Casablanca et de Rabat nous parlait de Dieu", lui a donné l'envie de devenir musulman. "Mais le Seigneur veillant, c'est à ce moment-là que nous sommes venus en France..." À son arrivée à Paris, juste après la guerre, Michael Lonsdale a poursuivi sa quête spirituelle. "Je faisais mes ablutions pour devenir musulman." Sa rencontre avec le Père Régamey, un dominicain proche du Père Courturier, cofondateur de la revue L'Art sacré, l'a profondément marqué, lui qui "[cherchait] obscurément des choses spirituelles".
Dans le parcours de Michael Lonsdale, l'art dramatique et la foi chrétienne sont étroitement liés : il a découvert l'un et de l'autre "en même temps". C'est d'ailleurs un autre prêtre dominicain, le Père Ambroise-Marie Carré, qui l'a orienté vers les cours de Tania Balachova, une "grande dame avec un turban" qui enseignait à Delphine Seyrig, Antoine Vitez et Jean-Louis Trintignant. Son père spirituel lui avait dit un jour : "Vous ferez au public des confidences que vous ferez à personne dans la vie." "Je n'ai jamais oublié cette phrase", confiait-il.
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