C'est dans une remise de brocanteur l’œil avisé et chineur de Jean-Claude Perrier va saisir cette photo de Notre-Dame, au printemps 2020, à peine sorti du premier confinement. Il en fait un livre, une quête, une histoire, un hommage à Notre-Dame et aussi au photographe inspiré : « Je ne crois pas plus aux miracles qu’au hasard. Cette photo m’attendait », confesse-t-il.
Le photographe de Notre-Dame, de Jean-Claude Perrier, est publié aux éditions du Cerf.
La semaine dernière, nous nous souvenions de l’impressionnant incendie de Notre-Dame de Paris, il y a tout juste trois ans. Depuis, les travaux et initiatives ne manquent pas, et si on avance, il est clair aussi que tout ne va pas aussi vite que nous le voudrions, il va falloir encore un peu de temps pour retrouver ce joyau de notre patrimoine architectural et spirituel. Mais ce sont les aléas de l’histoire, et justement, nous avons tous une histoire avec Notre-Dame, un souvenir, une visite, une image… Et pourquoi pas une photo ? Non pas celle prise à la volée sur le parvis de Notre-Dame, non : une photo d’une rare densité, oubliée dans une remise de brocanteur et que va saisir l’œil avisé et chineur de Jean-Claude Perrier au printemps 2020, à peine sorti du premier confinement. Il en fait un livre, une quête, une histoire, un hommage à Notre-Dame et aussi au photographe inspiré : « Je ne crois pas plus aux miracles qu’au hasard. Cette photo m’attendait », confesse-t-il.
La curiosité de l’homme de lettres s’échauffe : que vient faire cette photo dans un bel encadrement, au fond d’une boutique ? Et puis il y a l’image elle-même : « Mes premières impressions, les mots qui me viennent, lorsque j’eus débarrassé la vitre de sa poussière grasse, furent : « ambiance polar » et fantomatique, écrit Jean-Claude Perrier. La photo était-elle préméditée, résultat d’une savante composition, ou bien pur miracles ? » Pour le savoir, voici l’écrivain sur la piste du photographe, qu’il identifie vite : Eric Prinvault. Une autre enquête débute, sur les traces de ce photographe professionnel, qui s’intéresse davantage aux personnes aux marges de la société qu’à l’architecture, « photoreporter débarquant dans des histoires, certes, mais n’en sortant pas indemne », découvre Perrier qui nous révèle la personnalité du photographe engagé. Prinvault, par exemple, s’était rendu à Koh Lanta, loin de la compétition télévisuelle, mais pour un tout autre travail « Mon souhait est de faire connaître ce peuple de navigateurs et de pêcheurs dont la culture ancestral est en danger en raison de la modernisation et du développement du tourisme de masse », confiait le photographe.
Notre-Dame nous importe, et c’est joyau sans pareil. N’empêche : qu’Eric Prinvault ait pu user de son art pour saisir la cathédrale avant qu’elle ne soit touchée par l’incendie, mais que son regard était tout aussi aigu pour saisir la vie menacée de populations ou de personnes défavorisées, n’est-ce pas le même sujet, la même humanité qu’un photographe nous restitue et nous montre. Emporté par un infarctus, il ne révèlera plus cette beauté cachée du monde. Mais, le temps d’un livre, l’écrivain l’a fait revivre : « Le jour de la réouverture, je penserai à la photo sublime qu’aurait pu prendre Eric de cette résurrection. »
Le photographe de Notre-Dame, de Jean-Claude Perrier, est publié aux éditions du Cerf.
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