La lecture comme initiation à l'évasion. "C'est la littérature qui m'a sauvé" confie d'emblée Louis Chedid à Thierry Lyonnet. Le chanteur, compositeur et écrivain a reçu de ses parents le goût des arts: il a vu sa mère écrire, des livres remplir l'appartement du 6è arrondissement de Paris où il a grandi... "J'ai eu la chance d'être élevé par des parents qui étaient fins, intelligents, qui avaient une espèce de goût artistique."
La littérature est devenue assez vite une échappatoire "extraordinaire" pour le jeune homme qui a vécu l'école comme une contrainte. Lui qui voyait sa mère "se recoucher après le petit déjeuner" et écrire depuis son lit, a vu dans la vie d'artiste une jouissance de l'indépendance.
Dans son recueil de nouvelles "Des vies et des poussières", il décrit d'ailleurs des hommes et des femmes esclaves d'une vie professionnelle où ils ne sont pas heureux. "Pour moi, l'autonomie est quelque chose de vital" assène-t-il.
Maupassant, Fitzgerald, Roald Dahl... Les écrivains qui influencent Louis Chedid sont nombreux, lui porte aussi cette passion des grands romans de Dumas. Mais il ne renie pas son attachement au cinéma - il a commencé par être monteur. Ses nouvelles il dit les avoir écrites comme des scénario de courts-métrages, à la Hitchcock.
Dans Territoires du souffle, (éd. Flammarion, 1999) Andrée Chedid (1920-2011) écrit: "Devant la faillite des croyances, la pénurie de l'espoir, il est urgent que soit la poésie, elle ne console de rien, elle ne possède rien, sa loi n'est pas de marbre, mais prenant et délivrant la parole, elle multiplie nos vies." Son fils Louis Chedid convient que cette pensée le rejoint dans sa vision de la vie et aussi dans ses oeuvres. Le chanteur, compositeur et écrivain porte à la fois ce regard lucide sur la souffrance du monde tout en ayant à coeur de transmettre de l'espoir.
"Le vrai combat c'est d'essayer de montrer tous les chemins de lumière sans ignorer tout ce qui est négatif." Est-ce l'éducation religieuse reçue des prêtres en soutane de l'école Bossuet, est-ce la tradition maronite du "clan" Chedid? Sans parler explicitement de religion, l'artiste voit notre société comme ayant "perdu la spiritualité, le goût du divin". Comme si on regardait plus volontiers en bas plutôt qu'en haut, pour reprendre ses termes. Sa façon à lui de regarder "en l'air" c'est sans doute de rejoindre l'amour des mots, de la poésie, que l'on partage dans la famille.
Emission diffusée en janvier 2016.
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