"Ce n’est pas l’existence qui est digne, c’est la personne qui est digne en elle-même." Cette "philosophie", c'est celle qui a guidé le Docteur Marie-Sylvie Richard, religieuse xavière, qui a exercé durant 30 ans en unité de soins palliatifs. Pour RCF, elle a accepté de nous accompagner, aux côtés de Frédéric Mounier, tout au long d'une série de cinq émissions sur la fin de vie. Avec justesse et lucidité, elle livre son regard sur la souffrance.
Pendant 30 ans, Marie-Sylvie Richard a accompagné des milliers de gens au seuil de la mort. Des personnes malades, âgées, seules ou bien entourées... "L’accompagnement d’une personne en fin de vie, c’est quelque chose d’extrêmement rude mais aussi d’extrêmement fort et extrêmement riche." DA l'entendre, elle est passée par les émotions les plus intenses et les plus contraires. Mais de ses 30 années à Jeanne-Garnier, elle l'assure, elle en est "sortie enrichie"... un peut "écorché aussi", mais surtout "très très enrichie !"
Pour la religieuse xavière, au niveau spirituel, il y a dans l'accompagnement des personnes en fin de vie, "quelque chose de fort". S'approcher d'une personne au moment où elle souffre, où elle est la plus vulnérable, c'est "la maintenir comme un sujet acteur même si c’est par un petit doigt qu’elle bouge pour donner son avis, on va essayer de lui montrer qu’elle est encore aimable, au sens propre". Au cours de ces instants où beaucoup de choses se disent en très peu de signes ou de mots, c'est comme une autre grammaire qui se décline. "Il y a toujours une réciprocité à mon avis qu’il faut pouvoir accueillir, c’est possible jusqu’au bout."
"C’est sûr qu’il y a des situations dramatiques qu’il faut savoir traiter." Et Marie-Sylvie Richard est tout sauf dans l'angélisme. "J’ai été la première en France à dire que dans certains cas il fallait sédater les malades, avec leur accord évidemment, et en prévenant l’entourage. Je pense que ça reste vrai."
Il y aura toujours des souffrances que l'on ne saura pas soulager. "Ça voudrait dire qu’on connaît parfaitement la souffrance." Or il y a des souffrances morales liées à une situation familiale, au manque de sens... "Certaines personnes vous disent : je meurs je suis content de ma vie ; d’autres vous disent : c’est horrible ma vie n’a été que galère."
Et cependant, Marie-Sylvie Richard en est convaincue, "jusqu’au bout on peut permettre à la personne de découvrir encore un peu de sens". On peut donner de l’affection, de l’importance à l’autre. Un jour, un patient lui a dit d’une petite voix faible : "C’est la première fois que je suis aimé, vous ne voulez pas que je meurs tout de suite !"
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