"Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?" C’est la question à laquelle quelque 175.000 électeurs calédoniens sont appelés à répondre dimanche prochain 4 novembre. Ce référendum est l’aboutissement d’un processus d’autodétermination lancé en 1988 par les accords de Matignon, signés après le drame d’Ouvéa et ouvrant un processus de décolonisation par étapes.
Où en est la Nouvelle-Calédonie aujourd’hui, 30 ans après les accords de Matignon et à quelques jours du référendum ? Quelles sont les relations entre les différentes communautés ? Où en est le vivre-ensemble ? Quelle est la réalité économique, sociale et politique de l’archipel ? Quelles sont les équilibres politiques ? À quel résultats peut-on s’attendre et quels sont les scénarios possibles à l’issue du scrutin ?
LA SUITE DE L'HISTOIRE - Spéciale Nouvelle-Calédonie - À l'occasion du référendum sur l'autodétermination en Nouvelle-Calédonie, Véronique Alzieu retrace l'histoire de la Nouvelle-Calédonie avec Sarah Mohamed-Gaillard, maître de conférences en histoire contemporaine, spécialiste de l'Océanie.
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Archipel d'Océanie, situé dans l'océan Pacifique, la Nouvelle-Calédonie a pour île principale Grande Terre, d'une superficie de plus de 16.000 km², et une multitude d'îles de tailles diverses. Pour le directeur adjoint de la radio néo-Calédonienne Radio Rythme Bleu (RRB) Jean-François Bodin, c'est "un territoire absolument magnifique", mais "au-delà de l'image d'Épinal", ce qui fait selon lui "la beauté de ce territoire c'est la diversité de la population".
Véritable melting pot de cultures océaniennes, européennes et asiatiques, la population néo-calédonienne représente "une leçon d'humanité" pour Jean-François Bodin. Le haut fonctionnaire Jonathan Tholo, calédonien d'origine canaque, explique que la notion de "destin commun" définie dans l'accord de Nouméa, et aujourd'hui très présente, "ne vient pas de nulle part" et est "issue de toutes ces migrations". Il rappelle que tout n'est pas rose dans l'archipel, ses habitants connaissent notamment de fortes inégalités sociales. Pour lui, la Nouvelle-Calédonie est "un pays de paradoxes", qu'ils soient "politiques, culturels, sociétaux".
Sous souveraineté française depuis 1853, la Nouvelle-Calédonie est un territoire français d'outre-mer situé à près de 17.000 km de la métropole. "L'histoire de la Nouvelle-Calédonie a été tragique de part en part", explique Frédéric Rognon, philosophe auteur d'une thèse de doctorat sur la Nouvelle-Calédonie. "Quand on découvre ce qui s'est passé, on peut parler d'une tragédie." Avec dans les années 1980 un paroxysme de la violence atteint avec le drame d'Ouvéa : une prise d'otage qui s'est soldée par la mort de 19 indépendantistes et de deux militaires.
Et depuis 1998 avec les accords de Nouméa, la Nouvelle-Calédonie dispose d'un statut particulier de large autonomie : c'est la question de l'évolution de ce statut qui est soumise dimanche 4 novembre aux vote des Calédoniens. "On peut dire c'est peut-être un laboratoire pour la France de réussir enfin une décolonisation, estime Frédéric Rognon, c'est un peu unique d'avoir cette expérience possible devant nous."
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