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Robert Redeker: "La mort est le berceau de notre humanité"
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Robert Redeker: "La mort est le berceau de notre humanité"

RCF,  -  Modifié le 17 juillet 2023
Chaque année au jour des défunts on honore la mémoire des morts, dans une société qui souffre pourtant d'un déni de la mort. Or nier la mort c'est nier notre humanité, pour Robert Redeker.
Robert Redeker, philosophe: "La mort a disparu de notre imaginaire quotidien" Robert Redeker, philosophe: "La mort a disparu de notre imaginaire quotidien"

Que faisons-nous de nos morts? De la mort? À l'ère du fitness, du botox et du bien-être, "beaucoup de personnes de 50 ans n'ont jamais vu un cadavre de leur vie", observe Robert Redeker. Il y a là pour lui "une révolution anthropologique". L'homme contemporain serait réduit à l'état de "moi-corps" dans un déni de la perte ultime, la sienne et celle des autres. Or la mort est le "berceau de l'humanité", nous dit le philosophe. Dans son essai "L'éclipse de la mort", Robert Redeker nous aide à penser ce déni de la mort.
 

Dans notre société "hygiénisée, javélisée" la chair qui est adulée durant la vie devient insupportable quand il s'agit de celle du défunt

 

La mort, le "berceau de l'humanité"

L'homme sait qu'il est mortel, c'est même autour de ça que se sont contruites les civilisations. "S'il n'y avait pas eu de refus, et de négociation en même temps, avec la mort, il n'y aurait pas eu d'humanité", rappelle Robert Redeker.

Dans notre société actuelle, ce refus "n'est pas négociation". Le philosophe vise notamment le courant transhumaniste qui prône une "super longévité". Il est l'auteur, en 2010, de "Egobody - La fabrique de l'homme nouveau" où il observe l'existence de l'homme contemporain réduit à un moi-corps. C'est-à-dire qui "imagine que son moi c'est son corps", ce qui revient à nier son humanité "puisque c'est la mort qui est le berceau de l'humanité, ce qui nous distingue des bêtes".

 



 

déni de la mort, déni d'humanité

Souvent, on préfère dire "il est parti" au lieu de dire "il est mort". Peut-être par peur de se montrer trop brutal. Robert Redeker voit dans cette "substitution à l'intérieur du langage" le signe d'une peur, d'un désarroi. "Parce que la mort a disparu de notre imaginaire quotidien". Et pourtant sur les écrans, au cinéma, dans les séries, les jeux vidéo, on ne cesse de la voir. Quand elle fait irruption dans le réel on s'empresse de la mettre en scène, de la scénariser, par exemple les actes terroristes et leur traitement par les chaînes d'information en continu.

 



 

La mort dans notre société du spectacle

Si la mort est politiquement incorrecte, le cadavre est esthétiquement incorrect. Botox, compléments alimentaires... Dans notre société "hygiénisée, javélisée" la chair qui est adulée durant la vie devient insupportable quand il s'agit de celle du défunt.

 

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