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S'arracher à nos écrans, reconquérir notre attention !, avec Florent Souillot
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S'arracher à nos écrans, reconquérir notre attention !, avec Florent Souillot

Un article rédigé par Jean-Baptiste Ghins - 1RCF Belgique, le 17 mars 2022  -  Modifié le 17 juillet 2023
Tu m'en liras tant S'arracher à nos écrans, reconquérir notre attention !, avec Florent Souillot

40 smartphones sont vendus par seconde dans le monde, ce qui signifie 1,3 milliard par an. Ce suréquipement va de pair avec une surutilisation : en France, la tranche des 16-24 ans passe plus de 11h par jour devant un écran. Avec Florent Souillot, co-auteur de La guerre de l'attention (L'échappée), nous explorons les impacts anthropologiques, sanitaires et écologiques de cette révolution de notre environnement d’attention.

©Florent Souillot ©Florent Souillot

Co-fondateur de l’association Lève les Yeux, Florent Souillot le vérifie tous les jours : notre attention est assiégée. Notifications intempestives, suggestion constante de contenus inédits, publicités clignotantes… le constat est univoque : « Nous tous, adultes comme enfants, sommes inconsciemment attirés par l’écran, constamment sollicités ». Une réalité qui amène son lot de catastrophes, qui vont du domaine politique à la sphère de l’éducation affective. A titre d’exemple, on rappellera que l’âge moyen auquel un enfant découvre la pornographie en France est aujourd’hui de dix ans, phénomène qualifié de « viol psychique » par la psychologue Sabine Duflo. 

 

Le constat est d’autant plus alarmant qu’aucune mesure satisfaisante ne semble être aujourd’hui prise afin d’endiguer la colonisation de notre attention. A l’inverse, les institutions censées alerter les citoyens quant aux dégâts que celle-ci engendre participent à l’extension du domaine numérique. « L’école, [déplore notre invité], est en train de devenir une figure de proue de la numérisation, au lieu de s’affirmer comme un endroit où l’on préserve les enfants des écrans ». Une forme de consensus latent admet ainsi que l’utilisation des outils connectés ne doit pas être canalisée, mais encouragée.

 

L’école est en train de devenir une figure de proue de la numérisation, au lieu de s’affirmer comme un endroit où l’on préserve les enfants des écrans

Florent Souillot

 

« Cherche à qui le crime profite », dit l’adage. Or il y a bien des bénéficiaires directs de notre incapacité à nous émanciper de nos smartphones : les entreprises qui prospèrent au sein d’un nouveau marché, celui de l’économie de l’attention, au premier rang desquelles on retrouve les fameux GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft). Florent Souillot nous éclaire : « l’économie de l’attention est un modèle économique centré sur la publicité, qui part du principe que les actes des individus peuvent être modélisés à partir des usages qu’ils font de leurs outils ». Autrement dit : l’utilisation que vous faites de votre smartphone indique ce que vous êtes susceptible d’acheter. Il s’agit donc de maximiser le temps d’écran des utilisateurs afin d’accumuler sur eux assez de données pour pouvoir leur suggérer avec exactitude, par le biais de différentes plateformes, les produits qui leurs conviennent.
 

Contre ce mécanisme aliénant, Florent Souillot invite à une « déconnexion », et un sursaut citoyen. Dans ce contexte, il convie nos auditeurs à se joindre aux Assises de l’attention qui auront lieu le 19 mars (inscriptions ici) à Paris, pendant lesquelles une discussion collective couvrira les enjeux suivants : « Comment protéger les jeunes face aux réseaux sociaux ? Le numérique : allié ou ennemi de la transition écologique ? Quelles politiques pour une planète menacée par le numérique ? ».

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©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Tu m'en liras tant

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