Plus d’un mois après le séisme qui a frappé Haïti, les aides continuent à arriver dans ce pays à bout de force à se relever. Illustrations avec Frantz Phillipe, président de l’association Un geste pour Haïti et Marion Chatrefoux, référente programme Haïti pour Solidarités International.
"En tant qu’haïtien vivant en Europe, quand j’ai vu l’ampleur des dégâts causés par le séisme de 2010, j’étais obligé d’agir" déclare Frantz Phillipe, président de l’association Un geste pour Haïti. Marion Chatrefoux, référente programme Haïti pour Solidarités International se souvient : "En tant qu’ONG à but non lucratif, nous sommes intervenus à la suite du séisme de 2010 et nous ne sommes plus jamais partis. Dès le lendemain du tremblement de terre, nous nous sommes rendus dans la région des Nippes, particulièrement touchée. Nous avons tout d’abord constaté des besoins en abris et des besoins en eau potable".
Frantz Phillipe ne cache pas sa colère : "Les aides sont très désorganisées, il y a un problème de coordination évident. Aujourd’hui, le pays est au fond du gouffre, mais cela ne sert à rien de déployer des aides si elles ne sont pas coordonnées. Quand les haïtiens entendent les sommes versées à Haïti, mais qu’ils ne voient pas concrètement où ces millions sont investis, cela génère beaucoup d’incompréhension et de colère". Marion Chatrefoux reconnait que les aides peuvent parfois être mal redistribuées, mais assure toutefois que l’ONG Solidarités International est régulièrement soumise à des audits.
Il se murmure qu’Haïti serait un pays maudit. "Il n’en est rien" dément Frantz Phillipe, et d’ajouter "l’Etat n’a simplement pas les moyens pour correctement se développer. La vraie priorité aujourd’hui, c’est d’investir dans l’éducation". L’analphabétisme demeure un fléau majeur en Haïti. Trois haïtiens sur dix seraient analphabètes. Marion Chatrefoux insiste davantage sur l’urgence de mieux cibler les besoins : "après des catastrophes naturelles, des aides sont massivement déployées. Mais les moyens logistiques ne suivent pas toujours. Il faut plus de complémentarité entre les acteurs".
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