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"Illusions Perdues", de Xavier Giannoli, reçoit le César du meilleur film
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"Illusions Perdues", de Xavier Giannoli, reçoit le César du meilleur film

RCF,  -  Modifié le 17 juillet 2023
TOut DOux "Les illusions perdues" de Xavier Giannoli d'après Balzac

"Illusions Perdues" a remporté le César 2022 du meilleur film. L'occasion de retrouver l'interview de son réalisateur Xavier Giannoli. Au micro de Vincent Belotti, il expliquait que ses films ont tous quelque chose à voir avec la croyance. Et qu'il y a dans cette notion d’illusion perdue "un certain rapport à la foi, de négocier avec le doute et pourtant un désir de croyance", expliquait-il.

Xavier Giannoli sur le tournage du film "Illusions perdues" - Crédits : Roger Arpajou © 2021 CURIOSA FILMS – GAUMONT – FRANCE 3 CINEMA – GABRIEL INC. - UMEDIA Xavier Giannoli sur le tournage du film "Illusions perdues" - Crédits : Roger Arpajou © 2021 CURIOSA FILMS – GAUMONT – FRANCE 3 CINEMA – GABRIEL INC. - UMEDIA

 

Après "L'Apparition", "Illusions perdues"


Xavier Giannoli c'est celui qui a réalisé "L'Apparition" en 2018, dans lequel Vincent Lindon enquêtait sur une apparition mariale. Les films de Giannoli sont tous des histoires de "croyances", comme il l'explique : "À l’origine", c’est l’histoire d’un escroc joué par François Cluzet qui essaie de faire croire à toute une région qu’il va la sauver d’un marasme économique ; dans "Marguerite" (qui a reçu quatre César en 2016), Catherine Frot se rêve en cantatrice ; et dans "Quand j’étais chanteur", Gérard Depardieu veut croire qu’il peut encore séduire Cécile de France… "En fait beaucoup de mes films pourraient s’appeler Illusions perdues", convient le réalisateur. 


"Cette histoire de croyances, elle est surtout liée en moi à une éducation chrétienne qui m’a beaucoup impressionné, confie Xavier Giannoli, je sais que ça fait partie de moi, mais ça fait partie de moi aujourd’hui d’une façon tumultueuse, conflictuelle, difficile, c’est ce que j’ai voulu exprimer dans L’Apparition." Il y a dans cette notion d’illusion perdue "un certain rapport à la foi, de négocier avec le doute et pourtant un désir de croyance" … "Autrement dit la vie d’un chrétien !", conclut-il en souriant. 

 

"Illusions perdues", film de Xavier Giannoli - Crédits : Roger Arpajou © 2021 CURIOSA FILMS – GAUMONT – FRANCE 3 CINEMA – GABRIEL INC. - UMEDIA
Benjamin Voisin et Vincent Lacoste dans "Illusions perdues" - Crédits : Roger Arpajou © 2021 CURIOSA FILMS / GAUMONT / FRANCE 3 CINEMA / GABRIEL INC. - UMEDIA

 

 

Adapter Balzac au cinéma


Attiré par les personnages animés d'un "désir d'élévation" mais que "la condition humaine cloue au sol", Xavier Giannoli a attendu ses presque 50 ans pour adapter le chef d'œuvre de Balzac. C'est lorsqu'il étudiait les lettres à la Sorbonne qu'il a découvert ce roman, "l’un des plus extraordinaires de la littérature française". Un livre qui "parle de l’apprentissage par l’échec, du sentiment d’humiliation, du désir de réussir et des réalités du monde sur lesquelles on se heurte, sur les compromissions et les trafics".

 

Écrit entre 1837 et 1843, "Illusions perdues" appartient à l’immense fresque romanesque de La Comédie humaine. Xavier Giannoli en a fait un film de deux heures et demie dont le rôle-titre de Lucien de Rubempré est brillamment interprété par Benjamin Voisin. On y retrouve Cécile de France, Vincent Lacoste, Jeanne Balibar ou Gérard Depardieu.

 

C’est l’histoire de Lucien Chardon (aussi appelé Lucien de Rubempré), un jeune écrivain et poète qui travaille dans une petite imprimerie de Province, et qui rêve de se faire éditer. Il part donc pour Paris, "la ville-monstre" où l’argent est roi et où les intentions les plus nobles et les aspirations les plus pures se heurtent au cynisme et à la corruption des journalistes et des banquiers. "Il va très vite se rendre compte que l’édition n’est pas là pour célébrer le talent mais pour vendre."

 

 

 

 

Perdre ses illusions, et commencer à vivre...

 

Xavier Giannoli dépeint ce moment où la société française prend "le grand tournant du libéralisme économique". Si le film parle du "dévoiement d’une vocation", ce n’est "pas si simple" de juger Rubempré, prévient Xavier Giannoli. Comme tout le monde, il faut bien qu’il gagne sa vie... Le réalisateur ne souhaitait pas que "le film se referme sur une sensation d’échec". "Perdre ses illusions c’est commencer à vivre une autre vie, [Lucien] s’est trompé il a eu raison d’y croire, de se tromper, c’est comme ça qu’on avance, c’est comme ça qu’on grandi." Pour le réalisateur, les renoncements sont "nécessaires pour commencer la vraie vie". Il cite cette phrase de Balzac : "Je pense à ceux qui doivent en eux trouver quelque chose après le désenchantement."

 


Vincent Belotti dédie son émission "Tout Doux" du 20 octobre 2021 à Bertrand Tavernier, l'une des références de Xavier Giannoli, et à Claude Carrez, monsieur Cinéma chez RCF mort en avril 2020

 

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Émission TOut DOux © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
TOut DOux

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