Deux semaines après la rentrée, de nombreux étudiants sont encore sans logement à Angers. C’était déjà le cas l’année dernière et cela ne fait qu’empirer, car le nombre d’étudiants continue d’augmenter : ils sont 3,6 % de plus qu’en 2018. En cause, le baby-boom du début des années 2000.
Angers accueille plus de 40 000 étudiants mais il n’y a que 2 300 places dans les résidences universitaires gérées par le Crous, de quoi loger seuls 6 % des étudiants. Les autres doivent se tourner vers le parc privé mais il n’y a plus de studios de libres dans les agences immobilières depuis juillet. Les étudiants sans toit doivent donc attendre fin octobre que des logements se libèrent.
En attendant, les universités tentent de parer au plus pressé. A la Catho d’Angers, le service logement lance un appel à tous les Angevins qui auraient encore un studio ou une chambre de libre à louer, car son carnet d'adresses de 900 propriétaires ne suffit plus : le 12 septembre, 70 étudiants étaient encore sur liste d’attente.
« Il y en a beaucoup qui squattent chez des amis, constate Dominique Le Gal, responsable du service logement. Il y en a qui sont en Air B’n’B ou en AppartCity. Il y en a certains qui rentrent chez leurs parents chaque soir en train parce que c’est bien relié, à Tours ou à Nantes par exemple. Sinon il y en a peut-être même qui sont au camping, malheureusement. »
A l’université d’Angers, il n’y a pas de service logement. On ne sait donc pas combien d’élèves sont dans ce cas, sans doute plusieurs centaines. Le 11 septembre, 25 étudiants étaient encore « en situation d’urgence, c’est-à-dire sans aucune solution d'hébergement», explique Didier Le Gall, premier vice-président de l’université.
Pour qu’aucun élève ne dorme dehors, l’université a débloqué 13 000 euros depuis la rentrée pour financer des nuits d’hôtels. « On avait même réservé, préventivement, 20 lits du 2 au 21 septembre au centre d’hébergement Ethic Etape au lac de Maine, raconte Didier Le Gall. Cela laisse un peu de temps aux étudiants pour se retourner. »
Face à cette pénurie de logements étudiants, certains Angevins ont décidé d’ouvrir leur porte en louant une chambre chez eux. Stéphanie et son mari accueillent ainsi Lisa, 21 ans, dans leur maison de Beaucouzé. Cette étudiante russe, en échange à l’Essca, devait rester quatre jours chez eux, en dépannage, le temps de trouver un logement, mais il n’y avait plus de place nulle part. « Comme elle est fort sympathique, nous avons décidé de la garder chez nous ! » raconte Stéphanie.
Moyennant 350 euros par mois, petit-déjeuner et dîner compris, Lisa occupe donc la chambre d’un des enfants du couple, tous partis étudier ailleurs. « C’est un peu un pari, concède Stéphanie, parce qu’on peut très bien tomber sur un ou une étudiant(e) qui n’a pas trop envie et qui se retrouve un peu contraint et forcé d’être chez l’habitant, mais ça peut être aussi vraiment une très belle surprise. Je pense qu’à un moment il faut oser, oser faire le pas d’accueillir un autre différent, ça peut être le début d’une belle aventure. » La preuve, Stéphanie et son mari ont même été invités au Brésil cette année, pour le mariage d’une étudiante qu’ils avaient hébergée il y a trois ans.
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