Astropolis L’hiver est le rendez-vous culturel de cette fin de semaine dans le Finistère. Le festival de musiques électroniques propose tables-rondes, rencontres et « masterclass », en plus des traditionnelles soirées club.
Déclinaison plus intimiste, depuis quelques années, du grand rendez-vous d’été des musiques électroniques, le festival Astropolis l’hiver investit de nombreux lieux à Brest, du centre d’art contemporain Passerelle aux Capucins, en passant par la salle des musiques actuelles La Carène, des écoles et des maisons de quartiers...« On a voulu faire une édition en hiver parce que c'était une période qui était un peu plus creuse pour nous. Et puis on avait envie aussi de partir sur des projets différents de ceux de l'été, comme mettre en avant la scène régionale et travailler avec beaucoup de partenaires brestois », explique Gildas Rioualen, l'un des fondateurs du festival brestois.
Au programme, deux soirées Bunker Palace, à La Carène, avec artistes bien établis en Europe et des valeurs montantes, comme Kink, Sherelle, Estella Boersma ou Madben, et puis aussi des régionaux, portés par une scène bretonne qui se renforce d’année en année. « La scène nationale est très riche. Il y a vraiment beaucoup de nouveaux artistes qui ont beaucoup de talent », salue Gildas Rioualen. Astropolis L’hiver poursuit d’ailleurs le travail de défrichage mené par l’association à l’année, via le label Dôme et le tremplin estival d’Astropolis. « On fait un tremplin chaque été et on sélectionne une quinzaine d'artistes du grand ouest, sur à peu près 250 démos ! » Les artistes se produisent ensuite sur des soirées Dôme, à l’image de celle qui aura lieu samedi, de minuit à 6h30.
Au programme également : deux « masterclass » avec plusieurs artistes, dont Madben, pour accompagner les futurs artistes sur les nouveaux logiciels de composition. Une soirée au centre d’art contemporain Passerelle, ou encore une soirée Souffle électronique, ce jeudi, avec une programmation ambient et electronica dans l’auditorium de la médiathèque des Capucins... Les enfants n’ont pas été oubliés, mercredi, avec l’Astrokids, une après-midi festive dans les ateliers des Capucins !
La scène nationale est très riche !
Et puis la scène nationale du Quartz, qui vient de rouvrir après trois années de travaux, avait auparavant proposé, les 8 et 9 février, le spectacle Crowd de la chorégraphe Gisèle Vienne. Un retour sur l'esprit de la « rave » du début des années 90, avec des musiques du collectif Underground Resistance, Jeff Mills, Laurent Garnier... Un retour en arrière un peu pédagogique et nécessaire aussi pour l’équipe d’Astropolis, à l’image de ce qui a été construit cette semaine.
« Ma première fête, j'ai dû l'organiser en 1992. Donc ça commence à faire quelques années quand même ! Et puis, au sein du bureau, il y a certaines personnes et des bénévoles qui sont là depuis le début », continue Gildas Rioualen. « Donc il s’agit aussi de raconter un peu notre histoire et cette culture de musique électronique, d'où elle vient, parce que les gens ont tendance à oublier un peu... Ils suivent les médias ou certaines radios très commerciales et, même si aujourd'hui on a internet qui est un énorme outil de découverte, je trouve qu’il y a un gros manque de curiosité ! Les gens ne retiennent pas forcément les artistes, ils consomment ce qui leur plaît et ne savent pas de qui cela provient et comment cela a été réalisé. Or, un artiste, c'est quelqu'un qui raconte en général une histoire. »
Un artiste, c'est quelqu'un qui raconte une histoire.
« Cette culture, on lui reproche souvent d'être trop militante et parfois un peu politique ! Mais la musique électronique, elle vient des quartiers noirs de Detroit, elle a traversé l'Atlantique pour arriver à Berlin. C'est vrai qu’il y avait une inspiration de Kraftwerk au début, mais ce côté militant et « dancefloor » est venu de Detroit et du ghetto. Ces artistes revendiquaient vraiment leur couleur de peau, dénonçaient déjà la récupération de leur musique par ce monde capitaliste... Cette musique a accompagné la chute du mur de Berlin, elle a été aussi très militante dans les quartiers gays, les quartiers « black » de Chicago avec la « house music ». Il y a eu les « free parties », quelque chose de très militant également. »
Une filiation qui se poursuit, d'une autre manière, jusqu’aux mouvements sociaux actuels. « Ça a toujours été une musique très militante et je le défends parce que, pour moi, c'est aussi ça la culture ! », conclut Gildas Rioualen. Mélomanes confirmés, militants, amateurs ou néophytes, tout le monde est invité à s’imprégner de cette culture des musiques électroniques cette semaine à Brest. Pour retrouver le programme détaillé : astropolis.org
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