Denis Labayle
" Adélaïde Hautval, la psychiatre qui a tenu tête aux médecins nazis " (Plon)
Pour avoir pris le parti d'une jeune juive frappée par des SS, Adélaïde Hautval est déportée en 1943 à Auschwitz puis à Ravensbrück.
Affectée à l'infirmerie, elle se confronte aux médecins nazis. Elle résistera et refusera de participer aux expérimentations sur des êtres humains.
Après la libération des camps, elle renonce à la psychiatrie et se fait médecin scolaire.
Elle est la deuxième Française et le premier médecin à recevoir la distinction de « Juste parmi les nations ».
Chronique de Jacques Plaine
DENIS LABAYLE Adélaïde Hautval Plon Auteur d’une vingtaine d’ouvrages dont neuf romans Denis Labayle est médecin, finaliste du prix Charles Exbrayat 2006 avec « Tante Gina ». Médecin psychiatre, elle vivait à Lannemezan dans les Hautes Pyrénées et ne savait pas trop ce qu’étaient ni l’étoile jaune ni la rafle du Vel d’hiv. Elle n’était ni juive, ni résistante, pas même communiste et pourtant Adélaïde Hautval sera déportée à Auschwitz puis à Ravensbrück et deviendra la deuxième femme Française et le premier médecin à recevoir le titre de Juste parmi les Nations. Tout avait commencé par une banale histoire de bagage perdu lors d’un voyage en zone occupée. Un voyage où elle s’était embrouillée dans ses Ausweis et avait attiré l’attention de deux SS. Mais on en serait sans doute resté là si elle n’avait pas été alsacienne et appris l’allemand à l’école. Si elle n’avait pas entendu ces deux « Vert-de-gris » déblatérer sur la France et les Français et qu’elle ne leur ait pas répondu dans une langue de Goethe plus verte que grise au point qu’elle finira au poste. Au poste de police allemand où elle refusera de s’excuser, prendra la défense d’une jeune juive qui passait par là, en rajoutera trois couches en se fabriquant une étoile jaune qu’elle s’épinglera au veston. Résultat, un petit tour dans quelques prisons et camps français - avec ou sans miradors - pour finir dans un wagon à bestiaux direction Auschwitz. À Auschwitz comme tout médecin déporté elle sera affectée à l’infirmerie et aura pour objectif - sans moyens et avec seulement un peu d’aspirine - de maintenir en vie des milliers de femmes dont les plus fortes se crevaient au boulot et y crevaient même tout court et les plus faibles étaient envoyées direct à la chambre à gaz. Confrontée à des médecins nazis aussi veules qu’incompétents - des criminels en blouse blanche qui s’adonneront, quitte à en faire perdre son grec à Hippocrate, à des expériences contraires à toute éthique médicale - elle refusera non seulement de participer à leur sale besogne mais leur crachera tout son mépris. À la figure et en parfait allemand bien entendu. À tel point qu’elle se retrouvera sur une liste noire, celle des détenues à gazer, et ne devra sa survie qu’à quelques amies qui après l’avoir endormie la transféreront clandestinement à Birkenau. Un paradis trois étoiles. Jaunes bien entendu
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