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Au rythme de Cuba 1/3

Un article rédigé par Jeanne d'Anglejan - RCF, le 2 novembre 2023 - Modifié le 15 décembre 2023

Quand on entend parler de Cuba, c’est tout un imaginaire qui se met en route. Pour certains, l’île est un paradis qui mêle musique, plages et bons cigares. Pour d’autres, c’est son passé castriste et la figure du Che Guevara qui ressortent. En partenariat avec Terres d’Aventure, Thierry Lyonnet est parti arpenter Cuba pour aller au-delà de ces clichés et pour mieux comprendre le mode de vie de ses habitants.

Ismaël, paysan et guide à Viñales © Thierry Lyonnet / RCFIsmaël, paysan et guide à Viñales © Thierry Lyonnet / RCF

Dans ce premier épisode du cycle "Au rythme de Cuba", Thierry Lyonnet nous emmène hors des sentiers battus, dans la région montagneuse de Viñales. 


Une vie au naturel


La région de Viñales renferme de nombreux trésors propres à l’île de Cuba. Classée à l’Unesco comme paysage culte de l’humanité, la région est un endroit précieux pour l’agriculture du pays. "Ici il y a beaucoup de plantations de tabac. Les gens se promènent à cheval", explique Pepe, guide et journaliste cubain. Le manque de tracteurs sur l’île s’explique ainsi : "après la chute du mur de Berlin, on a arrêté d’importer à Cuba des pièces de rechange. Avant, on avait des tracteurs russes. On a tout perdu", explique-t-il. Les paysans ont dû apprendre à faire sans. Aujourd’hui encore, cela s’applique aux méthodes agricoles : "depuis l’embargo des États-Unis, on n'importe plus de produits chimiques. L’agriculture cubaine est quasiment bio", souligne Pepe. C'est d'ailleurs "l'un des rares côtés positifs de l’embargo"

 

Dans la région, les paysans ont appris à cultiver sans tracteurs.


Au milieu des champs, les locaux habitent dans des maisons faites avec des palmes. Le palmier royal est un emblème de Cuba et est exploité sous toutes ses formes : "on utilise tous les éléments. Ça sert à nourrir les animaux, les troncs pour construire nos maisons ou les racines pour soigner les calculs rénaux", explique Galbi, guide dans la réserve naturelle et fin connaisseur des plantes médicinales. Certaines plantes cultivées à Viñales sont étudiées en laboratoire comme des possibles remèdes aux cancers. D’autres permettent de soigner le diabète. "Aujourd’hui à Cuba beaucoup de personnes se mettent à étudier les plantes pour pouvoir se soigner malgré la crise économique", explique Galbi. 

 

Une étable traditionnelle de la région de Viñales, faite avec des feuilles de palmier.


Le tourisme, une manne pour la région


Quand Donald Trump arrive au pouvoir et tout au long de son mandat, il durcit les mesures vis-à-vis de Cuba. Avec la pandémie et l’absence de touristes, l’économie de l’île, qui vit grâce au tourisme, s’effondre. Si Cuba a connu une forte hausse de fréquentation - 340 000 touristes en 1990 contre 4.7 millions en 2018 -, elle traverse aujourd’hui une grave crise économique. Il y a d’un côté les cubains qui vivent en pesos, et de l’autre ceux qui profitent des monnaies fortes comme l’euro ou le dollar et qui travaillent généralement dans le secteur touristique. C’est le cas d'Ismaël. Originaire de Viñales , ce cultivateur de tabac arrondit ses fins de mois en étant guide pour les touristes : "comme les étrangers ont plus de pouvoir d’achat, tout le monde en bénéficie ici".

 
Beaucoup de touristes viennent à Viñales pour visiter les plantations de tabac. Plus de 150 millions de cigares sont produits chaque année sur l’île, ce qui équivaut à un revenu de plus de 500 millions de dollars annuels. L’histoire du tabac à Cuba commence dans les années 1200, "avec l’immigration indienne. Ils arrivent avec la feuille de tabac, qu’ils utilisent pour les cérémonies", explique Pepe. Plus tard, les colons espagnols se mettent à rouler la feuille : c’est le début des cigares. Plantée en novembre et en décembre, la feuille de tabac est ensuite séchée en plein soleil. À Cuba, chaque marque de tabac a ses secrets de fabrication. "Ils doivent être respectés à la lettre !", insiste Pepe. 

 

Dans une fabrique d’Etat de cigares.

 

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