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Aux sources de la peinture aborigène

Un article rédigé par Guillaume Goubert - RCF, le 2 mai 2023 - Modifié le 17 juillet 2023
Les Histoires de l'artAux sources de la peinture aborigène

Une exposition au musée du Quai Branly à Paris permet de découvrir l’univers des populations aborigènes d’Australie.

Yarrkalpa (Hunting Ground) 2013   Kumpaya Girgirba, Yikartu Bumba, Kanu Nancy Taylor, Ngamaru Bidu, Janice Yuwali Nixon, Reena Rogers, Thelma Judson et Ngalangka Nola Taylor   Centre d’arts Martumili © the artists/Copyright Agency 2020 Image: National Museum of AustraliaYarrkalpa (Hunting Ground) 2013 Kumpaya Girgirba, Yikartu Bumba, Kanu Nancy Taylor, Ngamaru Bidu, Janice Yuwali Nixon, Reena Rogers, Thelma Judson et Ngalangka Nola Taylor Centre d’arts Martumili © the artists/Copyright Agency 2020 Image: National Museum of Australia

Les aborigènes sont les descendants des populations présentes en Australie depuis des dizaines de milliers d’années. C'était avant que les Européens ne commencent à explorer ce territoire au XVIIe siècle, à le coloniser puis à le marginaliser. Les aborigènes représentent aujourd’hui environ 3 % de la population australienne.


Depuis une cinquantaine d’années, les amateurs d’art se sont intéressés aux peintures réalisées par des artistes aborigènes. Elle sont d’un style très reconnaissable par leurs tonalités ocres et par des formes géométriques simples : des cercles, des demi-cercles, des lignes sinueuses, et des multitudes de points blancs. Ces motifs étaient déjà présents dans des peintures rupestres vieilles de 25 000 ans.


L’intérêt et l’originalité de l’exposition du Quai Branly est de nous faire découvrir que ces œuvres, abstraites à nos yeux d'occidentaux, ont une signification très précise pour les aborigènes. 


Que signifient-elles ?


La solution la plus simple serait de dire qu’il s’agit de représentations topographiques où les aborigènes cartographient leurs territoires. Ce qui est vrai mais en même temps très appauvrissant. Depuis des millénaires, la mémoire des populations autochtones d’Australie se transmet de génération en génération à travers les paroles des aînés. Ce sont des histoires que l’on raconte en peinture, en cérémonies et en chants.


Elles sont appelées "songlines" que l’on peut traduire par les "chants des pistes". Selon les commissaires de l’exposition, les "songlines" sont "des corridors de savoirs, des chemins tracés au fil des voyages et qui renferment les règles fondamentales de la cohabitation sociale ainsi que des connaissances écologiques, astronomiques ou géographiques essentielles à la vie", en particulier pour trouver l’eau et la nourriture, nécessaire à la survie dans le désert.


Que voit-on à l’exposition ?


De magnifiques peintures, des sculptures, des céramiques, des installations vidéos, des objets traditionnels, pour la plupart réalisés par des femmes. Autant d’éléments qui sont intéressants en eux-mêmes mais qui ont ici vocation à nous raconter l’un des principaux récits légendaires de la culture aborigène : le long périple de sept sœurs poursuivies sans relâche par un sorcier ayant la capacité de se métamorphoser à tout moment.


Il faut savoir que cette exposition a été réalisée en étroite collaboration avec des communautés aborigènes qui ont voulu que cette histoire, relevant principalement de la tradition orale, soit en quelque sorte enregistrée et ne se perde pas. On sait combien les arts primitifs, comme on disait autrefois, ont été une source d’inspiration pour les artistes du XXe siècle au point de se les approprier sans beaucoup de scrupules.  


Le grand mérite de l’exposition du Quai Branly, qui a été produite par le National Museum of Australia, est précisément de refuser cette appropriation des arts premiers comme on dit désormais et de donner la parole aux aborigènes, eux qui ont été si longtemps méprisés par les colonisateurs de leurs territoires.

 


 

> Exposition "songlines", au musée du Quai d'Orsay à Paris jusqu’au 2 juillet

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