Également producteur, réalisateur et gestionnaire de l’image Delon, produit marketing à part entière, l’acteur a toujours eu plusieurs cordes à son arc, gérant sa carrière au gré de ses envies et des opportunités. Retour à travers cinq films marquants.
Alain Delon n’a pas été qu’un acteur. On lui doit aussi deux films en tant que réalisateur : Pour la peau d’un flic et Le Battant au début des années 80. En 1973, il s’était fait la main sur le tournage des Granges brûlées, un film dans lequel il joue aux côtés de Simone Signoret, et qu’il sauve de la faillite en reprenant au pied levé la fin du tournage. Mais surtout, il fut un producteur avisé en fondant en 1968 Adel Productions qui deviendra Leda Production. Pendant 20 ans, ce sont 35 films qui seront produits dont les succès Borsalino en 1970 et Monsieur Klein en 1976 qui obtient 3 César.
En 1969, Alain Delon produit Jeff, son deuxième film. Un thriller dans lequel joue l’acteur aux côtés de Mireille Darc mais c’est avec un autre film qu’un premier succès majeur en tant que producteur va arriver. Un film d’époque au casting prestigieux et au thème musical resté dans les mémoires. “Borsalino est la plus merveilleuse expérience de ma vie de producteur », déclare en 1972 Alain Delon interrogé alors sur le tournage d’Un Flic, de Jean-Pierre Melville. Avec plus de 4,5 millions de spectateurs en France, Borsalino sera un succès colossal. Mais ce succès est entaché par un conflit juridique qui l’oppose à Jean-Paul Belmondo pour une histoire de formulation contractuelle non respectée sur l'affiche du film. Les journaux de l'époque brodent sur la rivalité supposée entre les deux stars, ce qui servira finalement le film qui assoira son succès, aussi, grâce à la musique endiablée de Claude Bolling.
Mireille Darc et Alain Delon ont tourné 13 films ensemble. En 1974, ils se retrouvent une nouvelle fois devant la caméra de Georges Lautner pour Les Seins de glace, nouveau film produit par Adel Production. La musique de Philippe Sarde, avec ses violons mélancoliques, sied parfaitement à ce mélodrame d’atmosphère ayant pour cadre Nice en hiver, marqué par la performance de Claude Brasseur qui excelle en écrivain en mal d’inspiration tombant fou amoureux d’une Mireille Darc au charme vénéneux.
Trois ans plus tard, Alain Delon va retrouver Georges Lautner pour Mort d’un pourri et Philippe Sarde est toujours à la baguette. Le titre Valérie fait référence au prénom que porte dans le film Ornella Muti qui incarne l’ex-maîtresse de Maurice Ronet, un député en vue, coupable de l’assassinat d’un de ses collègues au motif que ce dernier menace de révéler des informations compromettantes susceptibles d’éclabousser nombre de personnalités politiques. Philippe Sarde compose la musique où le sax ténor Stan Getz donne une couleur très bleu nuit à ce grand polar représentatif du genre et de l’excellence du cinéma français des années 70 et 80. En parallèle du cinéma, Alain Delon fait des affaires et va créer en 1978 sa propre marque de parfum.
Voilà une vraie curiosité que cette Chanson des Granges brûlées, c’est son titre, tirée de la bande originale du film Les Granges brûlées, de Jean Chapot car elle marque la première composition de Jean Michel Jarre pour le cinéma et aussi une de ses premières œuvres avant d'être mondialement connu, 4 ans plus tard, en 1977, grâce à l’album Oxygène. On reconnaît déjà ses synthétiseurs électroniques agrémentés, ici, d’une voix féminine en forme de lamento en l’occurrence celle de France Vanier. Un excellent film malgré les grosses difficultés de tournage, mais des retrouvailles au sommet avec Simone Signoret en femme forte et mère digne défendant son clan et sa famille pris dans la tourmente judiciaire.
Alain Delon fête en 1985 ses 50 ans avec Parole de flic, de José Pinheiro, qu’il retrouve trois ans plus tard avec Ne Réveillez pas un flic qui dort qui vaut pour sa confrontation avec Michel Serrault en commissaire de police sombre et inquiétant et sa BO jazzy, signée Pino Marchese où vagabonde l’harmonica de Toots Thielemans. Ne Réveillez pas un flic qui dort est le dernier film que tournera Alain Delon dans le rôle d’un policier, un rôle de composition qui fut souvent le sien dans les années 80. Ce ne sera pas complètement le dernier vraiment puisque la télévision lui offrira encore dans les années 2000 deux derniers grands rôles à succès de policier charismatique : Franck Riva et Fabio Montale, ce dernier qui lui permet de retrouver 14 ans après José Pinheiro qui adapte pour l’occasion la trilogie marseillaise de Jean-Claude Izzo.
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