Depuis 1991 et la caméra d’or remportée par Jaco Van Dormael avec « Toto, le héros » jusqu’à l’an passé et le prix du 75 e anniversaire remis aux frères Dardenne pour « Tori et Lokita », en passant par les deux Palmes d’Or des frères et les prix d’interprétation d’Emilie Dequenne pour « Rosetta » puis de Pascal Duquenne pour « Le huitième jour », le cinéma belge a tissé une véritable histoire d’amour avec le Festival de Cannes.
Et ce n’est pas Lukas Dhont qui dira le contraire : après la caméra d’or pour « Girl » en 2017, c’est le Grand Prix Festival qu’il a remporté, l’an passé, avec « Close ».
Et cette année ? Surprenant, mais aucun film belge ne figure en Sélection Officielle en course pour la Palme d’or. Mais cela ne veut pas dire pour autant que le cinéma belge n’est pas représenté cette année à Cannes. Un petit inventaire s’impose.
« L’autre Laurens », un Bruxellois à La Quinzaine
Ainsi, à la section La Quinzaine des Cinéastes a été projeté ce lundi soir « L’autre Laurens » du cinéaste belge Claude Schmitz. C’est un polar atypique mettant en scène un détective privé bruxellois, décati et désargenté, confronté à sa nièce, une bimbo blonde platine, perdue suite au décès accidentel d’un père surendetté.
Un scénario invraisemblable et des acteurs perdus dans des caricatures grotesques expliquent probablement pourquoi la salle s’est vidée d’une partie de ses spectateurs bien avant la fin de la projection. C’est cela aussi, Cannes, parfois…
« Augure », un Liégeois à Un Certain Regard
Un autre film belge a, lui, été projeté dans la section Un Certain Regard, ce lundi. C’est « Augure », un film choral du cinéaste belgo-congolais Baloji. Qui est ce Baloji, de son nom complet Baloji Tshiani ? Né à Lubumbashi, au Congo, c’est un rappeur, auteur-compositeur, qui a grandi à Liège et qui, jadis, s’est fait connaître au sein du groupe Starflam sous le nom de MC Balo.
Le voici donc aujourd’hui présentant à Cannes son premier long métrage où, à travers l’histoire d’un couple mixte, lui Congolais et elle Belge, en séjour au Congo pour faire la connaissance de sa famille à lui, Baloji interroge les identités sur fond de sorcelleries diverses. Ce faisant, le jeune couple est très vite confronté aux préjugés et à la suspicion de la famille du mari.
Il en résulte un film choral, parfois un peu touffu, dans une explosion de couleurs et de lumières qui rappelle que Baloji est aussi styliste et dialoguiste de son film. Avec Marc Zinga et Lucie Debaye. En lice pour la caméra d’or.
Le cocktail du cinéma belge francophone
Et puis le cinéma belge à Cannes, c’est aussi une tradition, un cocktail qui se tient chaque année sur la plage du Majestic, l’un des célèbres Palace de la Croisette, un cocktail où se retrouvent tout ce que compte le cinéma belge francophone présent au Festival.
Ce lundi, on pouvait ainsi y croiser, furtivement certes, Cécile de France, à l’affiche de l’excellent « Bonnard, Pierre et Marthe » de Martin Provost, dans la section Cannes Premières, Emilie Dequenne, membre du jury d’Un Certain Regard, se laissant volontiers prendre en photos et selfies, en toute simplicité, la chanteuse Alice on the roof ou encore Stéphane Streker, le cinéaste chroniqueur football de La Tribune, à la rtbf.
Le tout en attendant la venue de Virginie Efira à l’affiche du film « L’amour et des forêts » de Valérie Donzelli, à la section Un Certain Regard, ce mercredi.
Aussi à la semaine de la critique
Enfin, n’omettons pas de parler de deux films belges et francophones sélectionnés à la semaine de la critique, autre vivier du cinéma de demain, une section qui accueille uniquement des premiers ou seconds films.
Il s’agit d’abord du « Syndrome des amours passées » des Bruxellois Ann Sirot et Raphaël Balboni (déjà récompensés aux Magritte pour « Une vie démente »), l’histoire d’un couple qui ne parvient pas à avoir d’enfant et qui découvre ce syndrome singulier : pour surmonter ce blocage, leur médecin leur conseille de refaire l’amour avec tous leurs ex ! Voilà une comédie drôle et romantique qui interroge la notion de couple, avec ses normalités imposées, ses libertés et leurs limites. Avec Lucie Debaye (également à l’affiche de « Augure ») et Lazare Gousseau.
Le second film belge présenté à cette même section, c’est « Il pleut dans la maison » de Paloma Sermon-Daï. Ce premier long métrage de cette cinéaste namuroise (qui concourt donc à la Caméra d’Or) raconte l’histoire de deux adolescents (Makenzy Lombet et Louise Manteau) qui découvrent le passage difficile de la jeunesse à l’âge adulte et se soutiennent l’un l’autre en bossant dans des petits boulots divers pour survivre tant bien que mal.
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