Après Meryl Streep, Coppola et Richard Gere, place à Kevin Costner en star américaine du 77e Festival de Cannes. Le réalisateur oscarisé, en 1990, avec « Danse avec les loups » repasse derrière la caméra pour un projet un peu fou : « Horizon : an American saga », un western en quatre épisodes pour raconter ni plus ni moins que l’histoire de l’Ouest américain !
Pendant plus d’une décennie, il suit les destins croisés de beaucoup de personnages, indigènes et colonisateurs, qui se croisent et s’affrontent. Une fresque chorale qu’il situe avant et après la guerre de Sécession. C’est le premier volet que le cinéaste de 69 ans est venu présenter à Cannes, hors compétition, décalant son retour pour les Etats-Unis de quelques heures afin de rencontrer la presse : la classe !
« Depuis toujours, j’ai adoré me renseigner sur cette époque de l’histoire des Etats-Unis, raconte Kevin Costner. J’ai lu des livres, regardé des tableaux… J’ai commencé en 1990 pour tourner « Danse avec les loups » et cette envie ne m’a jamais quitté, elle est bien ancrée dans mon esprit ».
Même si l’action se déroule vers 1860-70, « Horizon… » a un côté intemporel : « Ces gens que je filme vivent comme vous et moi. Leur quotidien n’est pas fait que de luttes et de bagarres. Ils aiment leurs enfants, ont le sens de l’humour, tombent amoureux. Ils achètent un terrain et font construire. Les femmes y ont aussi leur place. Le garçon qui ne voulait pas quitter son père, c’est mon fils ! (…) Je voulais que mon film soit le reflet de cette réalité et que les jeunes d’aujourd’hui s’intéressent à cette époque ».
A l’instar de Coppola et son projet de « Magalopolis », Kevin Costner a dû auto-financer sa saga : « J’ignore pourquoi aujourd’hui c’est devenu aussi difficile de trouver un financement pour un tel film, a-t-il regretté. Hier, je me suis promené dans le vieux port, du côté des magnifiques yachts, des fois que j’aurais croisé l’un de leurs propriétaires qui pourraient m’aider ; je leur offrirais des tickets pour le tapis rouge, en échange ! ».
Redevenant sérieux : « J’ai dû auto-financer mon film (ndlr : pour un budget de 50 millions de dollars). Sur mes tournages, il m’arrive toujours plein de choses imprévues. Mais quand j’ai résolu les problèmes, j’en ressens une grande satisfaction, j’ai mérité mon argent ! »
Mais c’est quoi, au juste, cette histoire de l’Ouest Américain, selon Kevin Costner ? « Beaucoup d’Européens vivaient dans des monarchies où ils étaient des citoyens de troisième zone, explique-t-il. En Amérique, ils ont trouvé une promesse, un espoir de vivre mieux. Le problème, c’est que pour s’installer, ils ont détruit des cultures et pris leurs terres aux Indiens. Puis il y a eu l’esclavage et la guerre de Sécession ».
Dans « Horizon : an American saga », Costner semble s’intéresser davantage aux Colons qu’aux Indiens. Il s’en explique : « Ils seront plus présents dans le quatrième épisode. Si dans le premier, le garçon s’en prend aux Indiens, c’est parce qu’ils ont tué ses parents, il ne faut pas l’oublier. « Danse avec les loups » n’était pas un film sur les Indiens, c’était un film sur moi ! » s’amuse Kevin Costner.
Redevenant sérieux : « J’ai voulu éviter les stéréotypes, j’essaie de représenter tant les Indiens que les colons au plus proche de leur réalité, de mon propre point de vue, en tout cas. Je les montre tels que je les ai connus, tels qu’ils sont dans la réalité ».
Et de poursuivre, inquiet : « Il faut préserver notre patrimoine pour les générations à venir. Les montagnes ne se déplacent jamais mais il faut préserver les terres. L’autre jour, je suis retourné là où j’avais tourné quelques scènes un an plus tôt. Et à la place des terres, j’ai vu des entrepôts. J’ai crié, mais… ».
Plus enthousiaste, cette fois : « J’aime le rêve que je porte dans mon film. Même à 4 heures de matin, dans la boue, même si c’est parfois laborieux, j’aime mon métier ». Puis, plus surprenant peut-être, Kevin Costner avoue aimer le décorum de la montée des marches !
« J’ai aussi beaucoup apprécié de monter les marches sur le tapis rouge, hier soir, c’est toujours quelque chose d’incroyable, surtout avec mes enfants bien habillés. A l’hôtel j’avais une très belle chambre ! ».
Avant de conclure par ces mots plein de sagesse : « Être célèbre ? Ce n’est pas comme ça que je me perçois. J’ai des enfants, j’assiste à leurs spectacles à l’école, j’aime leurs déguisements. Je suis comme tous les autres parents dans la salle et je filme leur spectacle ».
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