Ah, le poids de l’hérédité, être la fille de…, voilà qui n’est pas toujours facile à porter. Surtout quand on exerce le même métier. Alors, tant qu’à faire, pourquoi ne pas enfiler le costume de son père à l’écran !
C’est précisément ce qui arrive à Chiara Mastroianni et que nous conte, avec plus de facétie que de réelle émotion, « Marcello Mio » de Christophe Honoré (« Le lycéen »). On y voit ainsi Chiara enfiler le costume et adopter les postures de son père Marcello. Il faut dire que la ressemblance est étonnante.
Car comment être elle-même si même si sa mère, Catherine Deneuve jouant son propre rôle, débarque chez elle pour lui donner des conseils avant de se rendre à un casting. Et si Nicole Garcia réalisatrice, après un essai avec Fabrice Luchini, lui demande aussi sec : « Je voudrais que tu sois un peu plus Mastroianni que Deneuve, un peu plus Marcello que Catherine ». Et Chiara là-dedans ?
« C’est toujours un peu difficile d’expliquer d’où vient un projet, confie Christophe Honoré en conférence de presse. Ça fait longtemps que j’avais envie de faire un film sur le travail des acteurs, voir comment, en amont, ils s’identifient à leur personnage et comment ça peut influencer leur propre identité. Et comme je connais très bien Chiara, qu’on a une vraie complicité, c’est logiquement que j’ai pensé à elle ».
« Marcello Mio » n’est pas un biopic sur le légendaire acteur de « La Doce Vita » : « Non, en effet, je voulais avoir un regard différent, créer une sorte de mystère autour des différents acteurs du film jouant leur propre rôle, confie encore le cinéaste français. J’ai juste demandé à Chiara deux ou trois petites choses plus personnelles sur sa relation avec son père, mais sans grande incidence et surtout sans aucune forme de voyeurisme. Je ne voulais en aucun cas trahir la complicité que j’ai avec Chiara ».
Une Chiara Mastroianni qui s’est dit intriguée par ce projet quand Christophe Honoré lui en parlé pour la première fois : « Il voulait avoir mon avis avant de se lancer dans l’écriture. J’étais intriguée, son projet était audacieux et c’était forcément excitant car tellement différent de ce qu’on me propose d’habitude. Et comme j’ai une confiance totale en lui, c’est devenu évident pour moi ».
Catherine Deneuve semblait plus hésitante, au départ : « A priori, jouer mon propre rôle, ce n’est pas tellement mon truc, précise d’emblée la grande Catherine. Mais j’était intriguée, comme Chiara. Et comme j’ai moi aussi une totale confiance en Christophe… »
Fabrice Luchini, également de la partie, joue l’acteur ami et confident de Chiara : « Moi, je ne suis pas un intellectuel (rires) ! J’ai confiance en Christophe et j’ai fait ce qu’il me demandait de faire, voilà tout ». Puis de s’étendre sur la condition d’acteur : « Vous savez, le réalisateur, c’est comme un chef d’orchestre, il est le patron. Nous, les acteurs, on dit les mots que le patron nous dit de dire. C’est ça la condition d’acteur ».
Nicole Garcia, quant à elle, joue une réalisatrice plutôt autoritaire dans laquelle elle ne se reconnaît pas forcément ! « Je suis plutôt timide et réservée quand je dirige mes acteurs mais j’ai fait ce que Christophe me demandait. C’était drôle ! Et puis c’est à moi que revient LA phrase du film : « Je voudrais que tu sois un peu plus Mastroianni que Deneuve, un peu plus Marcello que Catherine », explique-t-elle toute fière !
En devenant ainsi son père à l’écran, Chiara Mastroianni s’est interrogée sur elle-même : a-t-elle réalisé un exercice libérateur ? « Est-ce que j’ai découvert quelque chose sur ce film ? Probablement. J’ai en tout cas essayé de me détacher de mon personnage, je ne voulais pas parasiter le scénario de Christophe qui ne devait pas être envahi par ma propre émotion. Ai-je été troublée ? Non, c’était amusant. Ce qui est troublant dans le métier d’acteur, c’est de se préférer en quelqu’un d’autre qu’en soi-même. La psychanalyse a de l’avenir devant elle ! » conclue-t-elle amusée.
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