« Oh, Canada », l’adaptation par Paul Schrader (« Mishima ») du roman éponyme de Russel Banks (décédé en 2023), signe le retour à Cannes de l’un des acteurs les plus charismatiques d’Hollywood, Richard Gere.
Dans « Oh, Canada », l’acteur de « Americain Gigolo », « Officier and gentleman » ou « Pretty Woman », incarne Leonard Fife, un célèbre documentariste canadien qui, au seuil de la mort, rongé par un cancer, accepte de donner une dernière interview testament à deux de ses anciens étudiants, à la condition que son épouse, Uma Thurman, soit présente sur le plateau.
C’est un peu fatigué que Richard Gere s’est présenté en conférence de presse avec le réalisateur Paul Schrader et l’actrice Uma Thurman : « La nuit a été longue et je n’ai presque plus de voix ». A 74 ans passés, l’acteur aux petits yeux rieurs garde malgré tout la forme : « Mais j’ai toujours 45 ans dans ma tête ! ».
« J’avais déjà tourné avec Paul Schrader, « American Gigolo » en 1980, a-t-il d’abord rappelé. Pour préparer le film, il m’avait montré des films d’Alain Delon comme « Plein Soleil ». Quarante ans plus tard, Paul est plus exigeant. Il sait plus précisément ce qu’il veut faire, il choisit ses acteurs et leur fait confiance ».
Particularité du sujet : son personnage jeune est interprété par un autre acteur, plus jeune, Jacob Elordi. Bien qu’il n’ont eu aucune scène à tourner ensemble, forcément, Richard Gere lui a donné des conseils : « Nous avons organisé une lecture du script, même si j’ai horreur de ça ! Toute la distribution était présente. Jacob Elordi me fait penser à mon fils, Je l’ai rassuré par rapport à l’accent, la voix, il fallait que ça reste simple ».
A travers son personnage d’un homme malade et en fin de vie, Richard Gere a repensé aux derniers moments vécus par son propre père : « Mon père est décédé quelque mois avant que Paul ne me propose le film. Il allait avoir 101 ans, il vivait chez moi, il était en chaise roulante. Il divaguait un peu, avait la mémoire qui flanchait. Le temps a tendance à disparaitre quand on avance dans la vie, on passe de la lucidité à un état brumeux. Je ressemble beaucoup à mon père. Dans ce film, je me suis vu comme lui ».
Richard Gere serait-il prêt à puiser dans ses souvenirs comme son personnage ? « Il essaie de puiser dans sa mémoire, dans ses souvenirs. Tout vient de la mémoire. Mais parfois, la mémoire nous joue des tours. Ou c’est peut-être qu’on veut voir les choses autrement, on peut ressentir une culpabilité, difficile à assumer ».
Interrogé sur la question de l’engagement des artistes, Richard Gere a expliqué que « les acteurs représentent la comédie humaine, nous sommes de simples êtres humains. Les artistes trouvent toujours le moyen pour exprimer leur voix. Ce n’est pas une question d’argent mais d’avoir quelque chose à dire, avec son cœur. Il faut aussi beaucoup de courage. ».
Le monde connaît à nouveau la guerre en différents endroits. Les artistes se sentent-ils concernés ? « Les Ukrainiens se battent pour leur pays. Est-ce que moi, je pourrais-je partir en guerre si mon pays était envahi ? C’est une question difficile car est-ce que je peux tuer quelqu’un ? » a-t-il expliqué. « Mais les acteurs peuvent aider le monde à prendre conscience des choses ».
Et de conclure : « Quand je suis invité à faire le point sur ma carrière, qu’on projette des extraits de plein des films dans lesquels j’ai joué, je me dit : tiens, c’est moi, j’ai été tel et tel personnage ! C’est quelque chose de curieux d’être acteur ».
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