Chaque matin, Christian Signol se place devant sa table et écrit, deux heures durant. "L'été de nos vingt ans" (éd. Albin Michel), son dernier roman, évoque la guerre, la violence de son irruption dans le quotidien joyeux de trois amis. Les personnages font l’épreuve de l’engagement, afin de défendre l’harmonie du paradis perdu. Une forme de transposition du vécu de l’écrivain, sans cesse en quête de son enfance lumineuse et champêtre.
Christian Signol est un enfant des champs et des bois. "Petit j’allais dans les prés, les rivières, on avait tout le temps les pieds dans les ruisseaux." Le contact avec le monde naturel lui est indispensable. Principalement élevé par des grands-parents aimants et généreux, l’épreuve de la pension pour le lycée, à Brive-la-Gaillarde, lui est extrêmement douloureuse, "une déchirure cruelle".
Ainsi, la nature, toujours vivante derrière les murs qui l’enserrent alors qu’il est élève, devient sa compagne imaginée qu’il ressuscite sur des pages. L’écriture lui permet de s’évader de ce lycée d’avant 1968, qu’il vit comme une prison, avec ses punitions, ses privations de sorties. "J’ai commencé à écrire pour me réattribuer ce monde naturel que j’avais perdu."
L’écrivain n’a de cesse de rendre hommage aux générations qui l’ont précédé, notamment ses grands-parents qu’il évoque avec tendresse. Son grand-père maternel, boulanger de profession, fut gazé pendant la guerre. La farine lui étant devenue intolérable, il loue un pré, avec quelques vaches. Une vie sobre, mais ô combien forte de valeurs dont Christian Signol fait l’éloge : "Ils m’ont transmis le goût du travail bien fait, le courage. J’ai appris à leurs côtés la bonté, le travail dans le silence. J’ai vécu avec eux les heures les plus précieuses de mon enfance."
Cette enfance perdue, l’auteur la recherche dans ses œuvres. Le petit garçon qui courait dans les champs n’a pas réellement disparu. Christian Signol est un adulte au regard constamment tourné vers ses jeunes années. "Qu’est-ce que le destin sinon la densité de l’enfance ?" a dit l'écrivain américain Jim Harrison.
"On n’est plus dans la civilisation de l’écrit, on est dans celle de l’image. Je crois que dans cinquante ans, il n’y aura plus de livres", déplore l'écrivain qui dit être né "avec le livre, devant le livre". Les livres et la nature sont les deux passions qui animent Christian Signol et ont construit l’homme qu’il est aujourd’hui, auteur d’une quarantaine de romans, amoureux éternel d’un monde rural en survie. Toutefois, ce qui compte réellement pour lui, ce sont ses enfants et l’héritage littéraire et mémoriel qu’il leur laissera.
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