"Les bonnes étoiles", sort ce mercredi en salles. Hirohazu Kore-Eda, réalisateur japonais, est l'un des plus grands cinéastes actuels. Il revient avec ce qu’il sait faire de mieux : nous parler de la famille, quatre ans après "Une affaire de famille" qui lui avait valu une palme d’or à Cannes.
De "Une affaire de famille" au film "Les bonnes étoiles", les questions sont identiques : qu’est-ce qui en constitue l’essence même ? Ce sont les liens du sang ou les relations qui s’y tissent au jour le jour ? Hirohazu Kore-Eda déconstruisait l’institution familiale dans son film précédent, il la reconstruit au fil de son récit ici. Il est le maître absolu de ce thème au cinéma, qu’il a pris par tous les bouts : depuis "Nobody Knows", en passant par “Tel père, tel fils”, “Still Walking”, ou “Notre petite sœur". Chez Kore-Eda, on parle de filiation, de transmission, d’abandon, de culpabilité, de pardon, toujours avec une bonne dose d’empathie. Et beaucoup d’humour aussi qui lui permet d’aborder des existences tragiques, sans jamais condamner ses personnages
C'est la fois un road-movie, une enquête policière, un drame social et une comédie. Ça commence par un bébé abandonné à la naissance dans une "boîte à bébé", un dispositif qui existe au Japon et en Corée, proposé par les églises notamment, qui permet de recueillir anonymement des enfants non désirés. Woo-sung va être recueilli (ou plutôt enlevé !) par deux hommes qui s’avèrent être des petits trafiquants et qui espèrent le revendre à des parents adoptifs en mal d’enfants. Ils partent dans leur van sur les routes, rejoints dans leur cavale par la mère biologique du bébé puis par un jeune orphelin plus âgé et débordant de vitalité.
C’est Song Kang-Ho, star du cinéma coréen depuis le succès planétaire de "Parasite". Il joue ici un rôle tout en délicatesse et en émotion, pour lequel il a obtenu le Prix d’interprétation masculine à Cannes. Les autres acteurs sont tous à la hauteur. Il y a quelques scènes absolument magiques dans le film. Un pardon est donné par procuration en haut d’une grande roue, une autre dans la pénombre d’une chambre d’hôtel, où un “merci d’être né” est offert comme cadeau à chacun par la jeune mère.
C’est un film lumineux, délicat, plein d’humanité. Qui révèle les blessures de chacun progressivement, par petites touches, en passant de l’ombre à la lumière. Il y a une autre jolie scène où ils sont dans un train qui passe sous plusieurs tunnels de suite et où ils profitent de l’obscurité pour confier leurs secrets.
Le jury œcuménique est un jury chrétien qui existe depuis 1974 au festival de Cannes, où les jurés regardent les films en compétition officielle et distinguent chaque année, un film porteur de valeurs de l’Évangile, comme ici la défense des plus fragiles, ou des films plus généralement porteurs de paix, de pardon ou de justice. Kore-Eda lui-même, à propos de son film, dit qu’il "s’apparente à la fois à une prière et à un souhait". Et cette histoire de nouveau-né déposé par terre, au début du film, dans le plus grand des dénuements et dont la venue au monde va bouleverser la vie de ceux qu’il va croiser, cela a tout de l’histoire de Noël !
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