Enfer, paradis, maison des ancêtres, élysée, géhenne... Autant de mondes invisibles que les humains ont imaginé pour décrire l'au-delà. Depuis plus 12 ans, Guillaume Duprat enquête sur les représentations du séjour des morts dans les différentes traditions religieuses, mythologiques et philosophiques. Avant de s'intéresser à l'autre monde, ce sont les différentes représentations du monde qu'il étudiait. Il est donc passé de l'autre à l'autre, en quelque sorte, parce que dans nos représentations, ces mondes vont difficilement l'un sans l'autre. Il publie "L'Autre monde - Une histoire illustrée de l'au-delà" (éd. Seuil), un ouvrage richement illustré qui renvoie nécessairement le lecteur à ses propres représentations.
Guillaume Duprat est allé puisé dans les religions et les mythologies, mais aussi dans l'histoire des sciences, pour collecter des cosmogonies (qui racontent la création du monde) et des cosmologies (qui décrivent l'organisation du monde). "Il y a des récits qui se contentent de décrire la terre", d'autres qui décrivent le grand tout, y compris les "lieux invisibles".
Les Huli, une ethnie de Papouasie-Nouvelle Guinée, imaginaient que la Terre était plate et qu'il y avait sous la terre un réseau de racines horizontales qui permettait aux esprits de se déplacer. "C'est par l'intermédiaire de ces racines qu'ils pouvaient communiquer avec l'au-delà." Pas de paradis ou d'enfer dans cette conception du monde, qui n'envisage pas un au-delà lointain, "il est juste sous la terre". Pas plus de disparition des morts, mais "une régénération".
Imaginer un autre espace-temps c'est, note Guillaume Duprat, envisager d'abord ce que devient l'âme - ou plutôt "l'intériorité, si l'on veut être plus universel". Que devient-elle? Est-elle jugée? "Il y a toute une diversité de conceptions de l'âme qui est assez incroyable." Dans certaines conceptions de l'au-delà, l'âme est unique, mais selon d'autres conceptions, elle peut être double, triple, quadruple... Il est des traditions où l'homme s'est attribué "jusqu'à 55 âmes". "A l'aube du IIIè millénaire, l'âme est oubliée", écrit Guillaume Duprat. Il ne tient qu'à nous de la retrouver.
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