Sorti ce mercredi, le film "Magnificat" de Virginie Sauveur, ne fait pas l’unanimité. À partir d'une histoire improbable, celle d'un prêtre qui à sa mort se révèle être une femme, la réalisatrice évoque la place des femmes dans l'Église catholique. À ce titre, pour les chroniqueurs de l'émission Effervescence, le film "rate son sujet". En revanche, il évoque avec justesse une autre question : celle de la vérité face à la volonté de protéger l'institution ecclésiale.
Dans le film, l’actrice Karin Viard est de tous les plans, c'est elle qui fait avancer l'enquête. Elle incarne une chancelière, une personne attachée à la religion et à sa foi, qui est très croyante et très respectueuse de l’Église. Et qui, en même temps, se pose des questions. Les chroniqueurs d’Effervescence sont unanimes, tous saluent une formidable interprétation d’une "grande actrice". "La qualité des comédiens, la seule chose sur laquelle je n’ai pas de réserve", déclare François Huguenin.
La performance de François Berléand, qui joue un évêque est également saluée. "De l’extérieur on pourrait croire qu’il est un peu caricatural, souligne François Huguenin, mais hélas quand on connaît le monde de l’Église de l’intérieur, il n’est pas caricatural !" Le jeu de François Berléand reflète selon le chroniqueur cette "sorte d’incapacité à communiquer" et à être "dans la relation humaine" que "l’on trouve tellement dans le clergé"…
Le rôle de l’évêque dans le film est ambivalent : tantôt il est vu comme "un homme d’appareil, un homme de système, un apparatchik pur comme malheureusement il y en a trop dans notre institution", décrit François Huguenin. Tantôt il est dans l’écoute et fait preuve d’une certaine épaisseur humaine.
Ce film, le premier de Virginie Sauveur - à ce titre, il mérite tout notre indulgence, comme le rappelle Valérie de Marnhac - fait preuve de maladresse et de déséquilibre. Et ce au risque de desservir son propos. S’il a en effet l’ambition de parler de la place des femmes dans l’Église et en particulier de l’ordination des femmes, alors le film "rate son sujet", déplore Delphine Freyssinet. En cause, le scénario de départ : un prêtre dont on découvre qu’il est une femme voilà un scénario "totalement invraisemblable", estime François Huguenin.
Toutefois, il y a un sujet important que le film aborde avec justesse. "C’est le fait de défendre l’institution contre la vérité, observe François Huguenin, c’est le vrai sujet du film !" Selon le chroniqueur, il devient "intéressant" de le regarder avec en tête la question : "Est-ce que les gens qui sont à la tête de ce système ne sont pas comme dans l’affaire des abus, toujours en train de protéger l’Église institution, y compris contre la vérité ?"
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