Sur le port de Vannes, des détenus exposent leurs photographies prises en maison d'arrêt

Cinq détenus de la maison d'arrêt de Vannes (Morbihan) ont pris part, en juillet dernier, à un atelier photographique. Un projet d'une semaine, animé par Gwenvaël Engel, en partenariat avec la Ligue de l'enseignement et le SPIP (Service pénitentiaire d'insertion et de probation). Mêlant la culture au sport, ces images ont donné lieu à une restitution rendue publique. 

Jusqu'au 2 mars 2025, les clichés sont en effet à découvrir en bordure du port de Vannes, dans une exposition intitulée "Respiration". Pourquoi ce nom ?  "Car cela a été un moment de liberté, (...) un break" pour les participants, répond la directrice artistique, Gwenvaël Engel. "Et ça pouvait être intéressant parce qu'il y avait vraiment cette notion du souffle lié au sport" (...) On voulait aussi un mot qui fasse écho au mot fusion (nom de son précédent projet, ndlr)."

Devant et derrière la caméra

Les photographies ont été prises dans les espaces communs de la maison d'arrêt de Vannes : la promenade, la salle de musculation, le terrain de sport avec ses cages de football et ses paniers de basket. Plusieurs éléments rappellent la thématique du sport au travers de gants de boxe ou encore de raquettes de tennis de table, apportées par la photographe.

"Quand on connaît l'importance du sport en détention, (c'est) globalement ce qui rythme leur journée et ce qui est leur libération quotidienne", constate la photographe à l'origine de cette création. Les détenus se prêtant au jeu d'être derrière et devant la caméra. 

Au cœur d'un lieu de privation de libertés, la prise de photographies est rendue compliquée en raison de plusieurs éléments techniques. Il ne "fallait pas reconnaître la maison d'arrêt, ne pas montrer des éléments de sécurité comme des barbelés et ne pas reconnaître les détenus", se souvient Gwenvaël Engel. 

Un résultat "touchant et réussi"

Des difficultés qui ont aussi permis de servir le travail de la photographe. "Je les ai amenés à se déplacer pour avoir des meilleurs points de vue et leur montrer que les photos peuvent être très belles même si on ne voit pas leur visage". Encadrant cette session de cinq jours, elle était présente "pour les amener à penser plus loin dans l'observation dans l'esthétisme".

Pour quel rendu ? Selon Gwenvaël Engel, "on voit bien le sport, on devine les mouvements et on devine les lieux" dans les photographies sélectionnées. La directrice artistique trouve ce projet "touchant" et "réussi", notamment au regard des contraintes. S'ils n'ont pas eu encore tous l'occasion de voir le résultat final, les participants n'en sont pas moins restés "extrêmement enthousiastes" à l'idée d'être exposés à la vue de tous.