Des vitraux pour l’église Saint-Joseph des Tarterêts

Un projet d'art contemporain en banlieue parisienne

Direction un quartier difficile de la banlieue parisienne, les Tarterêts à Corbeil-Essonnes. Une zone urbaine sensible - c’est l’appellation officielle -, où la pauvreté touche presque la moitié de la population qui compte 35 nationalités. Il y a deux semaines à peine, de sérieux incidents ont opposé des jeunes de la cité aux forces de l’ordre. C’est dans cet univers a priori très défavorable qu’une paroisse catholique a fait naître un très beau projet d’art contemporain. Des vitraux pour l’église Saint-Joseph des Tarterêts.

Un concours lancé auprès d'artistes

Cette église a été construite il y a un quart de siècle. Son architecture, due à Jean-Pierre Gautier, est de bonne qualité mais forcément, au bout de 25 ans, les peintures ont besoin d’être rafraîchies. L’association qui gère le bâtiment, joliment dénommée Association des bâtisseurs, s’est mise au travail pour préparer le chantier. Et, là, l’un de ses membres du conseil, passionné d’art contemporain, a lancé l’idée de doter l’église de vitraux pour remplacer les pavées de verre d’origine qui manquaient de caractère.

L’association a lancé un concours d’idées auprès d’artistes. Plusieurs dizaines ont répondu. Quatre projets ont été présélectionnés et un jury paroissial a tranché, retenant le travail du peintre Pierre Mabille, associé à Marie Rousvoal, maître verrier des Ateliers Duchemin à Paris.

Le respect de la tradition iconographique chrétienne

Pierre Mabille est passionné par le travail sur les couleurs et s’appuie toujours sur la même forme, celle d’une ellipse, d’une amande. Ce qui, dans la tradition iconographique chrétienne, renvoie à l’idée de la mandorle qui entoure les représentations du Christ en majesté. Les sept vitraux conçus par Pierre Mabille expriment une idée de déploiement dans des couleurs chaudes mais restent cependant dans un registre abstrait. 

C’est un choix très conscient et assez volontariste comme l’explique le président de l’Association des bâtisseurs, Désiré Tovonou : "Notre souhait est d’embellir notre église, mais aussi d’offrir quelque chose de beau à notre quartier. L’œuvre conçue par Pierre Mabille n’appartiendra pas seulement aux catholiques. Il y a des personnes non-croyantes ou d’une autre religion qui aiment entrer dans les églises. Il faut qu’elles se sentent accueillies. Ce que facilitera le registre abstrait de ces vitraux.".

Une inauguration prévue en 2022

Un jeune de la paroisse a une jolie formule : "La beauté de ces vitraux va enflammer le quartier et montrer qu’ici il n’y a pas que les poubelles ou les voitures qui flambent."

Les auteurs du projet vont développer des coopérations avec les établissements scolaires environnants pour faire découvrir aux élèves l’art des vitraux, que la plupart d’entre eux ignorent complètement. Il y a aussi un projet avec de jeunes graffeurs pour qu’ils décorent un mur près de l’église en s’inspirant des vitraux.

Ce projet sera financé par du mécénat et par une souscription publique à laquelle l’association des musulmans de Corbeil-Essonnes a annoncé qu’elle participerait. L’objectif est d’inaugurer les vitraux en 2022.