Le salon de l’agriculture à Paris me donne l’occasion de parler d’un sujet primordial pour nous : celui de l’accès digne à l’alimentation de qualité pour toutes et tous.
Pour le Secours catholique, on parle là du droit à l’alimentation. Un droit que nous défendons depuis plusieurs années sur la base de l’expérience de nos partenaires internationaux auprès de
communautés paysannes et de l’expérience de vie des personnes que nous accueillons chaque
année. Ce droit n’est pas seulement celui d’être à l’abri de la faim. Il engage à protéger ce qui permet
aux personnes de se nourrir en achetant ou en produisant leur alimentation !
Or, on l’entend depuis plusieurs mois et en particulier ces derniers jours : la situation est plus qu’inquiétante sur ce sujet. Selon l’Insee, les prix alimentaires ont bondi de 13,2% sur un an, et on s’attend encore à des hausses continues pour les mois prochains. Il faut ajouter à cela la hausse des prix de l’énergie qui a un impact sur la capacité à cuisiner. La hausse du coût de l’essence qui a aussi un impact sur les déplacements faire les courses, se soigner, ou demander une aide ! En Vendée la semaine dernière, des équipes du Secours catholique témoignaient de difficultés de personnes qui ne venaient plus dans une épicerie sociale, faute de carburant. D’autres encore, dans les Pyrénées ou le Gard, qui partageaient la difficulté des personnes face à la hausse des tarifs de la cantine de 1 euro par repas dans certaines communes !
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Au Secours catholique, nous accueillons chaque jour des personnes qui vivent avec moins de 5 euros par jour une fois les dépenses pré engagées déduites. Dans ce contexte, l’équation est insoluble pour elles. C’est une terrible double peine, quand on connaît les impacts de cette situation en termes de santé - les personnes en situation de précarité sont davantage touchées par les maladies chroniques en partie liées à l’alimentation. Les personnes que nous accueillons expriment aussi la honte et la perte d’estime de soi quand on ne peut plus subvenir soi-même à ce besoin essentiel de se nourrir ou de partager un repas.
Et c’est aussi difficile pour les agriculteurs. Malheureusement, le tableau n’est pas beaucoup plus réjouissant à l’autre bout de la chaîne. C’est pourquoi nous travaillons aussi avec des groupements de producteurs et productrices, qui prennent soin de la terre par leurs pratiques durables. Nous soutenons par exemple des groupements d’achats qui permettent à des familles démunies d’acheter en commun et d’avoir ainsi un accès à des fruits et légumes de production locale à un prix abordable et de rémunérer convenablement le travail des paysans.
Il est urgent de trouver et de soutenir des modèles agricoles et alimentaires qui assurent à ceux et celles qui produisent de vivre dignement de leur travail. La sécheresse actuelle ne fait que rappeler l’urgence de systèmes plus résilients et plus équitables.
La loi d’orientation agricole et le pacte des solidarités en cours seront autant d’opportunités pour
le gouvernement de répondre à la hauteur des enjeux :
- Pour les familles en situation de précarité afin qu'elles accèdent à une alimentation de qualité ;
- Pour que les paysans soient rémunérés correctement.
L’un ne peut pas et ne doit pas aller sans l’autre.
Pour aller plus loin
> Un accès digne à une alimentation de qualité pour tous
> Note de contribution au pacte des solidarités, de la Fédération des acteurs de la santé [PDF]
Chaque jeudi, écoutez la chronique de Véronique Devise, la présidente du Secours catholique - Caritas France.
> La chronique du Secours catholique
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