[ Ella Maillart ] Quand j'serai grande, je ... traverserai le Caucase à pieds

Une enfance au bord du lac Léman

 

À dix ans, Ella Maillart a déjà un fort caractère. Elle n’en peut plus de voir les garçons de son âge naviguer tous les jours pendant qu’elle doit rester chez elle. De santé fragile, elle doit rester dans cette jolie maison bourgeoise, que son père loue depuis 1913 aux bords du Léman. La vue superbe sur le lac, et, au loin, sur les Alpes, préfigure ce que sera la vie de la jeune fille. Elle sera l’une des premières femmes occidentales à sillonner l’Asie centrale à pied. Et comptera parmi les grandes aventurières du XXe siècle.

 

Quand elles ont 17 ans, Ella Maillart et son amie Hermine de Saussure (surnommée "Miette") embarquent depuis le Vieux-Port de Marseille pour Cannes, la Corse et Nice. Plus tard, avec deux autres amies, elles feront un tour de la Méditerranée. Aux régates olympiques des Jeux de Paris en 1924, Ella Maillart s’illustre comme la seule participante femme. Mais elle reste profondément marquée par l’échec de la transatlantique qu’elle avait tentée avec Miette. Après avoir enchaîné les petits boulots, la jeune femme, assoiffée de découvertes, part pour la Russie.

 

Ella Maillart, "la coureuse d'univers"

 

En chemin, elle rencontre Charmian London, à Berlin. La veuve de Jack London l’aide à financer son voyage. A Moscou, elle rencontre la jeunesse locale et se débrouille pour embarquer avec une bande de jeunes sur le transsibérien. Ce sera son premier voyage en Asie centrale. De retour à Berlin, un journaliste lui achète son premier reportage : elle reçoit un chèque de 6.000 francs… De quoi faire de nouveaux voyages ! Ella Maillart n’attend pas pour repartir.

 

L’année suivante, en 1932, elle décide de parcourir l’Asie centrale, qui l’a tant marquée. En compagnie de deux couples de médecins russes, elle part pour la partie orientale de l’Union des Républiques soviétiques. Dans les grandes plaines où vivent les nomades Kirghizes, elle découvre les traditions de ces peuples musulmans. Elle aime leur vie dure mais simple, connectée aux éléments. Une vie dont elle pressent qu’elle va disparaître… Ce voyage au Caucase la marquera à jamais et inoculera encore plus sa passion de l’Asie centrale, la transformant en une attirance quasi magnétique.