Portables, tablettes, télévisions, tous ces outils numériques sont de plus en plus nombreux dans les foyers. Cela implique de nouvelles questions sur les rapports établis entre les plus jeunes et ces écrans. Les avis divergent quant à l’attitude à adopter à ce sujet. Doit-on priver les plus jeunes de l’accès aux écrans ? Ou doit-on plutôt prendre le temps de les éduquer aux nouvelles technologies ?
Il est quelquefois compliqué de contrôler le temps d’écran accordé aux enfants, d’autant plus que chacun en a une utilisation différente. "Le terme écran est un peu fourre-tout. Mais il n’y a pas de bonne ou de mauvaise voie pour les surveiller. Les parents se saisissent des différents outils qu’ils possèdent et accompagnent au mieux leurs jeunes" affirme Florentin Beuze, président de l'association Causons Écrans. En effet, l’éducation aux écrans est un sujet souvent brûlant et accompagné de conseils contradictoires : "il est compliqué d’avoir une approche déculpabilisante. Les parents se sentent coupables mais c’est plus complexe" développe Lucas Maymil, conférencier à l'association Lève les yeux. Cette question s’étudie donc depuis des approches différentes selon les familles.
Il persiste de nombreux préjugés autour du rapport entre les jeunes et les écrans. Si certains peuvent dénoncer une certaine pression sociale, Florentin Beuze précise qu'elle est à relativiser car elle dépend du groupe d’amis ou de la famille : "Souvent, quand les parents sont peu présents sur les réseaux sociaux, les enfants ne sont pas tentés". De même, on oppose le temps accordé à la lecture et celui dédié aux écrans. Mais Florentin Beuze ajoute : "Je ne pense pas que les ados lisent de moins en moins. Par exemple, le pass Culture a surtout été utilisé pour acheter des mangas. Ils n’osent pas le dire car ils ont peur d’être jugés, mais quand on commence à converser avec eux, on se rend compte qu’ils lisent beaucoup". En outre, parler d’addiction aux écrans est un terme excessif car un jeune peut développer une vraie passion qui n’est pas comprise par les adultes. Quelquefois, l’enfant dissimule derrière son temps dépensé face aux écrans une dépression ou un mal-être.
Toutefois, l’utilisation non contrôlée des écrans peut représenter un danger. "C'est nocif au bout d’un certain temps et surtout à un certain âge. Les images rapides ont un impact cognitif au niveau de la mémoire, et des effets négatifs sur l’attention" explique Lucas Maymil. Selon lui, la période de 0 à 3 ans est importante pour le développement de l'enfant et "il y a beaucoup de choses qui se mettent en place. Le temps passé sur les écrans est une perte de temps sur l’activité exploratoire et sur les temps d’interaction avec les parents". Le combat reste compliqué car "plus on attend avant d’accorder du temps devant les écrans, plus c’est du temps gagné pour plus tard. Le cerveau est malléable et donc l’enfant risque d’être plus dépendant du téléphone, de se fatiguer plus vite et se concentrer en cours devient plus compliqué pour lui".
"Il ne faut pas hésiter à mettre du cadre" affirme Florentin Beuze. En effet, poser des limites concrètes comme un horaire précis à tenir s’avère efficace pour aider les jeunes. "Les ados demandent un cadre et une délimitation pour avoir un repère" développe-t-il. Toutes les personnes, qu’il s’agisse des parents ou des professeurs, ont un rôle à jouer dans l'éducation et ne doivent pas hésiter à recourir à d’autres alternatives telles que la lecture, les jeux de société ou le sport. Lucas Maymil précise même que l’ennui peut permettre de créer et est donc bénéfique pour l’imagination et la créativité : "ne rien faire sera positif à long terme, ils auront moins besoin d’être stimulés. Dans notre association, on note étape par étape la diminution du temps d’écran et les autres activités réalisées. Le suivi sur le long terme est important".
Le cadre est donc nécessaire, mais on ne peut pas protéger l’enfant de tout. C’est pourquoi le dialogue est à privilégier. "Les ados ont besoin d’échanges. Il est important de verbaliser et de contribuer à l’échange" affirme Florentin Beuze. Par exemple, ceux qui reçoivent une éducation sur la sexualité sont moins tentés d'aller sur les sites pornographiques. Le dialogue est également important pour demander à l’enfant comment il réalise ses recherches pour ensuite lui donner des conseils. Florentin Beuze propose même "l’éducation à l’image par pratique de l’image". Ce principe consiste à montrer aux plus jeunes comment les images sur internet sont réalisées et à leur proposer d’en faire eux-mêmes. "En fabricant des clichés, ils arrivent à s’en prémunir et ont un recul critique parce qu'ils comprennent comment ça fonctionne".
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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