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Entre religion et art contemporain, l'exposition de la biennale de Lyon s’invite dans un couvent du Corbusier

Un article rédigé par Chloé Pasquinelli - RCF Lyon, le 17 septembre 2024 - Modifié le 24 septembre 2024

À l’occasion de la 17e biennale d’art contemporain qui démarre à Lyon le 21 septembre, une exposition s’ouvre dans un lieu emblématique dans la région, au couvent Sainte-Marie de la Tourette, à une vingtaine de kilomètres de Lyon. Un couvent construit par Le Corbusier et inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette année, c’est l’œuvre de l’artiste belge Michel Mouffe qui est mise à l’honneur. Reportage.

Michel Mouffe, artiste belge, et le frère Marc Chauveau, commissaire de l’exposition de la biennale au couvent de la Tourette - © RCF Lyon (Chloé Pasquinelli)Michel Mouffe, artiste belge, et le frère Marc Chauveau, commissaire de l’exposition de la biennale au couvent de la Tourette - © RCF Lyon (Chloé Pasquinelli)

Perché sur la colline qui surplombe la petite commune d'Éveux, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Lyon, se tient un couvent peu commun. Un immense bâtiment rectangulaire de béton, recouvert de fenêtres carrées, et reposant sur pilotis. Le monument imaginé par Le Corbusier accueille chaque année depuis 2009 un artiste contemporain à l’occasion de la biennale de Lyon.

C’est le frère Marc Chauveau, commissaire de l’exposition, qui est à l’origine de ce projet : « Ces expositions, ce sont des rencontres entre un artiste et un lieu hors du commun. Les œuvres ne sont pas exposées vraiment, elles habitent un lieu qui est lui-même habité par une communauté d’une dizaine de frères dominicains, qui vivent, prient et accueillent des visiteurs ».

Michel Mouffe, peintre en relief

Cette année, le choix de l’artiste belge Michel Mouffe s’est révélé comme une évidence. Ce dernier réalisa sa toute première exposition, il y a quarante ans de cela, à la maison Guiette à Anvers, où il habitait alors : « Ces années passées dans ce type d’architecture ont eu une influence prépondérante sur ma compréhension de ce qu’était l’harmonie, le soin au détail, mais aussi la beauté d’un certain minimalisme qui laisse parler les matériaux ».

La plupart de ses œuvres sont des tableaux monochromatiques dont il réalise aussi la structure. Ses toiles sont en relief, grâce à des barres de métal qu’il installe derrière. Une invitation au déplacement pour frère Marc Chauveau : « L'œuvre de Michel Mouffe m’a rappelé ce que disait Le Corbusier : "Dans l’architecture, il est bien de se déplacer", "L’architecture, ça se marche". Quand on marche dans l’architecture on la découvre progressivement dans ses jeux de lumière, d’ombre… et finalement, elle ne se contemple pas en étant assis, mais en marchant dedans ».

Il prend pour exemple un grand tableau qui recouvre presque un mur entier. Selon que l’on se positionne à droite, en face ou à la gauche du tableau, la couleur change du rose au vert, grâce à la bosse que forme la barre de métal installée au centre derrière la toile.

Certaines œuvres datent de cette première exposition, d’autres réalisées exceptionnellement pour l’occasion. Toutes, pour frère Marc, siéent à merveille au style si particulier du Corbusier. « Ce que je trouve intéressant, c’est que cette architecture affirmée, austère, forte, de Le Corbusier est exceptionnellement accueillante pour les œuvres. Mais elle ne fait pas de cadeau. Si une œuvre est à sa place, c’est qu’elle a une force en elle. Une œuvre qui ne serait pas à la hauteur ça se verrait tout de suite ».

Aussi, contrairement aux idées reçues, les œuvres contemporaines entrent en harmonie avec ce lieu de prière, habité par une dizaine de frères dominicains : « Je pense qu’un tableau de Mark Rothko [un des représentants de l'expressionnisme abstrait américain] peut vous transporter de la même manière qu’une église du Corbusier peut le faire par la magie de sa lumière », songe Michel Mouffe, « ils vous donnent tous les deux un sens de l’élévation par le beau ».

Une série de tableaux de Michel Mouffe évoquant des martyrs du Franquisme sont exposés le long du couloir menant à la chapelle du couvent de la Tourette - © RCF Lyon (Chloé Pasquinelli)Une série de tableaux de Michel Mouffe évoquant des martyrs du Franquisme sont exposés le long du couloir menant à la chapelle du couvent de la Tourette - © RCF Lyon (Chloé Pasquinelli)

Le Couvent de la Tourette, patrimoine de l’humanité

Le Couvent de la Tourette a été construit entre 1956 et 1957 et fait partie de la liste des 17 œuvres architecturales inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le couvent de la Tourette - DR Couvent de la Tourette

Le couvent de la Tourette - DR Couvent de la Tourette

Pourtant peu connu des Lyonnais, le lieu accueille des touristes et des classes du monde entier. Ce jour-là, ce sont des étudiants japonais en architecture, la semaine précédente, une classe tchèque. Les moines organisent régulièrement des visites, y compris lors des journées européennes du patrimoine, les 21 et 22 septembre.

L’exposition est à découvrir jusqu’au 23 novembre : couventdelatourette.fr

Des visites guidées sont organisées pour l’exposition et le couvent dans son ensemble.

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