Surnommé "l’aventurier des mondes perdus" ou encore "le French Doctor de la biodiversité", Evrard Wendenbaum est un explorateur des temps modernes et un ardent défenseur de la nature. Depuis l'âge de 19 ans, il sillonne la planète et rend compte de la fragilité des écosystèmes qu'il côtoie. En 2009, il fonde l’ONG Naturevolution afin de protéger les dernières "terra incognita" de la planète et les communautés qui en dépendent, avant qu’il ne soit trop tard.
Lorsqu'il n'est en expédition dans les endroits les plus inaccessibles du monde, Evrard Wendenbaum vit avec son épouse et ses deux enfants dans un chalet de montagne prês de Chamrousse au-dessus de Grenoble. Géologue de formation, admirateur de Théodore Monod, il emmène de nombreux scientifiques et volontaires en exploration dans ce qu'il aime appeler "les mondes perdus". Ces endroits de plus en plus rares où " l'Homme n'a pas encore mis sa patte, n'a pas encore dégradé quoi que ce soit, ce sont les endroits qui sont les plus riches de la planète en termes de biodiversité et souvent ce sont les endroits les plus inaccessibles également" explique-t-il.
L'objectif de l'ONG Naturevolution, qu'il fonde en 2009, est de défendre les terra incognita. Des territoires où les scientifiques n'ont pas encore eu l'occasion de faire des recherches comme par exemple le massif du Makay à Madagascar ou les forêts de Sulawesi en Indonésie. Des endroits inaccessibles, où il n'y a pas d'infrastructures, d'habitants ou de moyens de s'y déplacer actuellement.
Il y a des lieux qui nous marquent tout au long de notre vie et qui, comme des aimants, nous attirent à eux indéfiniment. C'est à 23 ans, que le jeune Evrard découvre le massif du Makay. Tout juste rentré des États-Unis, où il effectuait un stage en glaciologie, il réalise que le métier de scientifique ne le comble pas totalement. Confortablement assis sur son canapé, il découvre dans un épisode d'Ushuaia Nature, la terre rouge malgache et les trésors qu'elle possède dont un en particulier : le Makay.
"Tout m'a complétement bouleversé dans ces images" se souvient-il. Lorsqu'il entend que cet endroit n'a jamais été exploré et qu'il présente toutes les conditions propices à la création de nouvelles espèces, le charme opère. Le jeune scientifique, perdu dans son orientation sait ce qu'il veut faire : explorer l'inexplorable. Après une première approche ratée en 2004 dû à la difficulté du terrain, il retente l'expérience en 2007 où il réussit, enfin, à pénétrer dans cet immense labyrinthe sculpté par l'érosion. "En 2007, il y a quelque chose qui s'est présenté et qui a tout changé , c'est Google Earth, et comme il n'y avait pas de cartes jusqu'à maintenant, et il n'y en a toujours pas [...] j'ai fait 3000 captures d'écran et puis j'ai reconstitué ces captures d'écran pour en faire une carte" raconte l'explorateur grenoblois.
Alors qu'il réussit, enfin, à pénétrer dans le massif du Makay après une première tentative ratée, Evrard Wendenbaum se prend la réalité de plein fouet au visage. En arrivant en haut d'un somptueux sommet perdu au milieu des canyons, il découvre que la plaine est entièrement brûlée. Il en pleure. "Je n'en croyais pas mes yeux, j'étais persuadé que ce monde perdu du Makay allait être l'occasion de découvrir ce qu'est une nature vierge et complétement préservée. Et en réalité, alors même qu'aucun scientifique n'avait étudié à l'époque le Makay, l'Homme avait quand même réussi, déjà, à détruire une très grande partie" lance-t-il ému.
Depuis, explorer et protéger sont devenus ses mots d'ordre. Lui qui est convaincu "qu'il faut aimer quelque chose pour pouvoir le protéger" tente avec son association environnementale Naturevolution de faire connaître des endroits reculés afin de les préserver. Grâce aux images qu'il rapport, il tente de toucher les politiques pour qu'ils prennent conscience de la nécessité de protéger des lieux comme le Makay, les fjords du Groenland ou encore les forêts indonésiennes de Sulawesi. Pour ce qui est de l'avenir de la planète, Evrard Wendenbaum se dit "ni optimiste, ni pessimiste, je suis dans l'action [...] toute la réponse elle est dans notre propre capacité à se bouger les fesses maintenant" conclut-il.
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