Mardi 27 novembre, le Collège des Bernardins a organisé le colloque "Comment affronter le monde de la post-vérité ?". De façon assez significative, le terme post-truth, a été choisi par le dictionnaire d’Oxford comme le mot de l’année 2016 ! C’est vrai que, depuis quelques temps, la vérité ne semble plus être une évidence. On parle même de vérité alternative, comme s'il y avait anguille sous roche dès qu’on s’appuie sur la réalité.
Une fake news, c'est une information mensongère produite et diffusée de façon délibérée. Aujourd'hui, quand vous allez dans les cours d'école discuter des médias et des informations qui circulent avec les enfants, tôt ou tard ils vous le disent. "La plus grande fake news qui revient c'est autour de l'attentat de Charlie Hebdo", témoigne David Groison, rédacteur en chef du mensuel Phosphore.
Comment éduquer les jeunes ? Aiguiser leur esprit critique ? Pour beaucoup d'entre eux, et quel que soit le milieu social, les journalistes ont tendance à cacher la vérité des faits. Un phénomène qu'il ne faut pas prendre à la légère, observe Antoine Arjakovsky.
"Propagande", on croit ce terme dépassé, propre aux dictatures totalitaires du milieu du siècle précédent. Mais qui a pu oublier l'affaire des couveuses lancée en 1990 par une jeune femme dénonçant des atrocités commises sur des nouveaux-nés koweïtiens ? Ou dans les années 2000, la rumeur sur les armes de destruction massives en Irak ? Le phénomène des fake news est amplifié par la puissance et la vitesse des réseaux sociaux. Réseaux sociaux qui véhiculent des idées, qui flirtent avec le populisme, qui flattent nos instincts primaires.
Comment donc informer à l’heure des fake news ? "La vérité est un rapport de force", conclut Antoine Arjakovsky, pour qui "on est dans une situation gravissime". Car le plus grave en effet, c'est qu'on ait du mal à croire que le Brexit a pu être alimenté par la propagande venue de Russie, or "il y a eu une volonté claire de semer la zizanie parmi les Anglais parce que c'est dans l'intérêt des russe que l'Europe soit divisée".
Certes, il existe des initiatives de vérification des faits, comme celle du journal Le Monde qui a lancé "Les décodeurs", un site web dont la mission est de vérifier l'exactitude des faits et déjouer les rumeurs. Mais est-ce que ça suffit ? Car encore faut-il que chaque internaute fasse la démarche d'aller authentifier une information. Pour donner justement aux jeunes des conseils et les aider à construire eux-mêmes leur esprit critique, David Groison publie, avec Pierangélique Schouler et Ronan Badel, "Les journalistes nous cachent-ils des choses ?" (éd. Actes Sud Junior).
Faire de la politique, informer et même enseigner : dans ce contexte, ressemble à un véritable défi. "On nous cache tout on nous dit rien" ; "Nous vivons à l’heure du mensonge et de la dissimulation"... tout le monde connaît ces refrains. C’est aussi un défi pour l’esprit de citoyenneté et la démocratie. "Le problème de notre siècle, souligne Antoine Arjakovsky, c'est le problème de l'idéologie."
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