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Général Pierre de Villiers, "le courage de la fraternité"

RCF,  - Modifié le 17 juillet 2023
Émission Spéciale"Le courage de la fraternité", une conférence du général Pierre de Villiers

Le 14 août dernier, le général Pierre de Villiers était à Lourdes où il a donné une conférence sur le thème "Le courage de la fraternité". RCF vous propose de réentendre cette conférence animée par Véronique Alzieu, rédactrice en chef Spiritualité de RCF et de Samuel Lieven, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Le Pèlerin.

Le général Pierre de Villiers, auteur de "L'équilibre est un courage" (éd. Fayard) ©Elodie GRÉGOIRE/FAYARDLe général Pierre de Villiers, auteur de "L'équilibre est un courage" (éd. Fayard) ©Elodie GRÉGOIRE/FAYARD

 

Pierre de Villiers, le sens de la mesure


Les chefs d’état-major des armées ne sont pas aussi connus que l’est le général de Villiers. Ce qui l’a propulsé sur le devant de la scène, c’est sa démission en juillet 2017. Un fait qualifié de "sans précédent" par les médias. En cause, "une divergence" de vues avec le président de la République, Emmanuel Macron. Quatre ans après, et après 40 ans au service de l’État, il "ne regrette rien" et se consacre à sa "nouvelle mission", qui est de "transmettre".

 

Après deux ouvrages au succès retentissant, "Servir" (éd. Fayard, 2017) et "Qu’est-ce qu’un chef ?" (2018), il a publié "L’équilibre est un courage", au titre inspiré d’Albert Camus. Dans une "société en plein bouillonnement", il ose parler d’équilibre et de mesure. "On est un pays bouillonnant qui évolue généralement par révolutions, par jacqueries, par brutalité, par violence. Je suis quelqu’un d’équilibré, qui prône cet équilibre, qui n’est pas quelque chose de mou, de fade, mais qui est quelque chose de mesuré."

 

Les freins à la fraternité


L’équilibre est un courage, la fraternité aussi. Dans un monde "extrêmement tendu", où on voit la situation se détériorer en Afghanistan, en Afrique du Nord ou au Moyen-Orient, l'angoisse et l'inquiétude nous empêchent d'aller vers l'autre. Autre obstacle à la fraternité, le temps : "Les gens sont pressés, sont stressés, on n’a plus le temps de se parler, le portable est devenu insupportable, on mène une vie de fous, il faut casser cette mécanique infernale du temps !"

 

Pierre de Villiers ne mâche pas plus ses mots quand il parle de notre "société masquée, société du QR code, société déshumanisée", où la "crise de l’autorité" est un autre frein à la fraternité. "L’obéissance ne va plus de soi. On se méfie de l’État qui est devenu la finalité et la nation le codicille. Cette communauté d’hommes et de femmes qui vivent ensemble sur des valeurs communes, sur une terre, la patrie… tout ça s’est mis à l’envers. L’État chargé d’organiser la vie de la cité est devenu la finalité avec le droit et la finance." Quant à l’individualisme, il en parle comme du "tout-à-l’égout". Bref, "les gens ont le sentiment que plus rien ne va, l’homme se prend pour Dieu, la dimension spirituelle a disparu".

 

 

Le sport et la culture seront les deux leviers pour reconstituer notre tissu national

 

 

Chercher la fraternité là où on en voit les effets


Cette année, le thème du Pèlerinage national de Lourdes était : "Tous appelés à la fraternité". Et pour parler de fraternité, il y a, selon Pierre de Villiers, un préalable que résume l’expression : "halte au feu". C’est à partir de cette injonction qu’il a construit son dernier livre. "Halte au feu, explique-t-il, c’est le commandement d’un chef militaire au combat quand il se passe un événement grave : tout le monde s’arrête de marcher, de tirer, de bouger - tout se gèle et on attend les ordres…" Sans doute est-il temps de faire "halte au feu", c’est-à-dire "de se réconcilier" alors que nous avons atteint un tel "niveau de violence – physique, violence verbale".

 

S’arrêter, comme le font les pèlerins de Lourdes, là où "on ne triche pas avec la mort, avec la souffrance". Pour le général, "il y a à Lourdes quelque chose de particulier, ce mélange de souffrance et de joie, d’authenticité, de vérité… [qu'il] a connu quelque part dans l’armée française". Lui qui fréquente la cité mariale depuis qu’il a 10 ans, la voit comme "un laboratoire de la fraternité, un petit laboratoire mais un grand signe pour ce courage qu’il nous faut de ré-humaniser notre société !"

 

Dans le football aussi on peut vivre la fraternité - le général est un passionné. "Il y avait une grande cohérence entre ma vocation d’officier et le sport." Ce qu’il aime dans le foot : le sens du collectif, le "je ne vaux rien sans les autres"… Lui qui se rend parfois dans les cités regrette le manque de terrains et d’entraîneurs dans les quartiers difficiles. "Le sport et la culture seront les deux leviers pour reconstituer notre tissu national, notre lien national."

 

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