Comme le veut la tradition, c’est le jury qui ouvre le bal des conférences de presse le premier jour du Festival, un jury qui se prête ainsi à ce qui s’apparente à une figure imposée, un peu comme en patinage artistique !
L’an dernier, un homme, le réalisateur suédois Ruben Östlund, présidait le jury. Alternance oblige, c’est à une femme que ce rôle est dévolu cette année. Et c’est la réalisatrice américaine de « Barbie », Greta Gerwig, qui est l’heureuse élue, devenant ainsi la 14e femme à la tête du jury cannois en 77 ans.
Hier égérie du cinéma indépendant, elle est aujourd’hui l’heureuse réalisatrice du carton plein de l’été dernier dans les salles, devenant ainsi la première cinéaste de l’histoire à dépasser le million de dollars de recettes.
« Quand j’ai appris que Thierry Frémaux souhaitait que je sois la présidente du jury de Cannes, ça a été un choc, a-t-elle déclaré. Je suis très honorée et c’est un plaisir considérable d’être ici ».
Le jury a été questionné sur les rumeurs (harcèlement sexuel, grève du personnel…) qui agitent le Festival. Madame la présidente a été très claire : « Beaucoup de choses ont changé dans le cinéma ces derniers temps, mais ça n’a pas toujours été dans la bonne direction. Et j’espère que les syndicats trouveront un bon accord pour tous ces gens qui travaillent sur ce Festival, c’est très important pour eux ».
Pour en revenir au cinéma proprement dit, Greta Gerwig a confié ce qu’elle avait évoqué hier avec Thierry Frémaux, lors de leur première entrevue à son arrivée à Cannes : « Je lui ai dit mon sentiment : le cinéma est une forme d’art très lente, il faut des années de travail pour deux à trois heures de film. Je vais donc prendre mon rôle de présidente très au sérieux ».
Quant à la question de l’équilibre hommes-femmes alors que seules quatre réalisatrices sont en sélection cette année, la cinéaste américaine a été très franche : « La question n’est pas de savoir si c’est un réalisateur ou une réalisatrice, c’est la qualité du travail qui prime. Maintenant, c’est bien que les choses bougent : il y a quinze ans, je n’aurais probablement pas pu réaliser Barbie ».
Autour de madame la présidente, on retrouve cinq femmes et quatre hommes, les hommes étant donc minoritaires cette année… Citons, principalement, Eva Green, la fille de Marlène Jobert, la Milady de la dernière adaptation des « Trois Mousquetaires », Lily Gladstone, l’actrice américaine d’origine amérindienne révélée par Martin Scorsese, ici même à Cannes, l’an passé, à l’affiche de « Killers of the Flower Moon », et le réalisateur japonais Hirokazu Kore-Eda, un habitué de la compétition cannoise, palme d’or en 2018 pour « Une affaire de famille ».
Mais aussi Omar Sy, l’acteur français révélé par le film « Intouchables » qui s’est dit très honoré d’avoir été choisi pour faire partie de ce jury, conscient, comme les autres jurés, de la responsabilité qui leur incombe de choisir la Palme d’or au bout des douze jours de compétition : « Je suis arrivé hier très relax et puis boum, l’atmosphère du Festival m’est tombé dessus ».
A la sempiternelle question de savoir sur base de quels critères il fera ses choix, Omar Sy a répondu avec un bon sens évident : « C’est trop tôt pour dire, je ne pourrai répondre à cette question que quand j’aurai vu tous les films et que j’aurai choisi les critères qui détermineront mes choix. Et surtout, on va discuter des films ensemble, on va argumenter. Et ça m’aidera beaucoup dans mon choix pour la Palme ».
On laissera le mot de la fin à Omar Sy : « C’est bien que les femmes aient le courage de dire les choses ».
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