C'est une extraordinaire collection d’objets d’art, qui est exposée à l’hôtel de la Marine, place de la Concorde à Paris. Celle de Calouste Gulbenkian. Guillaume Goubert a visité l'exposition pour nous.
On peut actuellement et jusqu’au 2 octobre, découvrir une sélection d’objets de la collection Calouste Gulbenkian à l’hôtel de la Marine, place de la Concorde à Paris. Une sélection fascinante comme l’était le collectionneur lui-même !
Calouste Gulbenkian est né en 1869 à Istanbul qui s’appelait encore Constantinople. Il était issu d’une famille de négociants d’origine arménienne. Après des études en France et à Londres, Calouste Gulbenkian s’est lancé dans le négoce de produits pétroliers, alors balbutiant. Ce fut un extraordinaire succès. Dès les premières années du XXe siècle, Gulbenkian est devenu un intermédiaire indispensable dans les échanges pétroliers du Proche-Orient. Il était surnommé "Monsieur 5 %" en raison des commissions qu’ils touchait sur les transactions. Il a constitué ainsi une gigantesque fortune. Il en a consacré une partie à la philanthropie, notamment dans le domaine de l’éducation, et il a accumulé cette formidable collection tout au long de sa vie jusqu’à sa mort en 1955 à Lisbonne.
Sa collection compte environ 6.000 pièces qui sont aujourd’hui la propriété de la Fondation Gulbenkian et sont exposées dans un musée qui porte son nom à Lisbonne. C’est une collection qui s’étend sur une période de 5.000 ans, depuis l’Égypte ancienne jusqu’à des artistes du XXe siècle. Gulbenkian avait des goûts très éclectiques. Il a commencé à collectionner dès son adolescence des monnaies anciennes. Mais il a aussi aimé la peinture, les objets, les tissus, les livres rares…
Surtout, ce chrétien né dans l’Empire ottoman aimait rapprocher des objets d’Occident et d’Orient, en particulier de très beaux objets d’art islamique. Ces objets étaient acquis aux meilleures provenances. Gulbenkian a notamment enrichi sa collection lorsque, dans les années 1930, le pouvoir bolchevique a vendu de très belles choses qui figuraient dans les collections des musées russes.
L'exposition parisienne ne permet de voir qu'un petit nombre de choses : il n’y a que 82 pièces. Mais presque toutes méritent une grande attention. Par exemple, une aiguière en jaspe pourpre. Cette sorte de cruche date du XIIIe siècle, elle provient sans doute de Sicile. L’objet, de forme très simple, a été orné au XVIIIe siècle par un orfèvre français d’une monture en or dans le style rocaille. Gulbenkian avait un goût prononcé pour l’art français du grand siècle, qu’il exposait en majesté dans son hôtel particulier de l’avenue d’Iéna à Paris.
J’ai aussi envie d’évoquer un dessin aquarellé d’Albert Durer ou encore le livre d’heures d’Isabelle de Bretagne dont les enluminures sont du début du XVe siècle, un tapis persan en soie du XVIe siècles décoré de figures grotesques sur un un fond rouge. On peut citer encore des tableaux de Guardi ou d’Hubert Robert et de précieux objets Art déco dus à René Lalique.
Mais, pour conclure, je veux évoquer un objet d’origine syrienne ou égyptienne. C’est une bouteille de verre datant du XIVe siècle. Elle est ornée d’un décor en émail bleu, rouge et or qui représente un lion. On se demande par quel miracle une pièce aussi fragile a pu parvenir intacte jusqu’à nous.
Chaque mardi à 8h45, Guillaume Goubert et Simon de Monicault présentent une exposition ou un événement qui raconte l'histoire de l'art.
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