La mort de Pierre Rabhi, ce samedi 4 décembre 2021 à Lyon, à l'âge de 83 ans, suscite des réactions contrastées. Conservateur pour les uns, progressiste pour d'autres, cet écologiste, figure de l'agro-écologie, prônait un art de vivre fait de fraternité, de sobriété heureuse et de respect de la création. Pour lui rendre hommage, RCF vous propose de réentendre l'émission Visages qu'il a enregistrée en 2014.
La mort de Pierre Rabhi, ce samedi 4 décembre 2021 à Lyon, à l'âge de 83 ans, suscite des réactions contrastées. Conservateur pour les uns, progressiste pour d'autres, il prônait un art de vivre fait de fraternité, de sobriété heureuse et de respect de la création. Cet écologiste invitait chacun à participer à un vrai changement de société. Paysan, écrivain, penseur, il a formé des milliers de personne en France et en Afrique en agro-écologie, un domaine dont il était devenu la référence pour beaucoup. Le fondateur du mouvement Colibris était vu par certains comme un véritable sage.
Quand il l'a acquise avec sa compagne, la terre de Montchamp était à l’abandon, "dans une forme de solitude silencieuse au milieu d’un paysage magnifique !" En 2014, cela faisait une cinquantaine d’années que Pierre Rabhi s’était installé dans son paradis de Montchamp, avec Michèle. Tous, mêmes leurs parents, leur avaient pourtant déconseillé de s’y installer. Le couple n’avait pas un centime en poche : quand ils ont décrit le lieu au Crédit agricole pour obtenir un prêt - pas d’électricité, un chemin à peine praticable, un sol rocailleux… - ils ont bien vu que cela ne correspondait pas "aux critères de l’efficacité productiviste", raconte Pierre Rabhi. "La beauté du paysage, le silence et l’air pur… tout cela ne figure jamais sur un bilan !"
Pour lui, "la terre-mère" ce n’est pas seulement une idée ou un concept, c’est "une réalité" : "D’autant plus forte que je suis étranger..." Né le 29 mai 1938 en Algérie, Pierre Rabhi s'est senti "étranger" d’abord dans son propre pays : quand il s’est converti au christianisme vers 16 ou 17 ans, il "s’est exclu de sa communauté initiale musulmane". Puis, dans le contexte de la guerre d’Algérie, un "conflit avec son père d’adoption" l’a poussé à quitter l’Algérie.
Cette terre de Montchamp, "on a décidé d’en faire un peu notre maman et en même temps notre fille, pour la soigner et en faire une terre vivante". Pour cette figure de l’agro-écologie, "le rapport à la terre c’est à la fois ma mère et ma fille, à la fois elle me nourrit à la fois j’en prends soin".
Devenir paysans, c’était le rêve de Pierre et Michèle, alors même qu’ils n’avaient aucune expérience en agriculture. Paysan, ça signifie selon lui, "tenir le pays et être tenu par le pays". Or, la terre, "on lui demande de nous nourrir et en même temps on la détruit". "Je l’affirme d’une façon très forte parce que c’est tellement grave : l’agriculture moderne détruit la terre." Ce pourquoi il a fait le choix de l’agriculture biologique.
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