Disparu en 1976, Jean Gabin peut être considéré comme le plus grand des acteurs hexagonaux, celui qui a sans doute le plus marqué l’histoire du cinéma français, de part sa personnalité, son charisme et ses rôles incroyablement divers durant toute sa carrière, commencée dans les années 30 et qui devait s’achever au milieu des années 70. Alors qu’une exposition lui est consacrée jusqu’au 10 juillet à Boulogne-Billancourt, retour en 9 films et 9 nuances musicales sur le mythe Gabin.
Jean Gabin aurait eu 118 ans en ce mois de mai. Né un 17 mai 1904 dans le 9ᵉ arrondissement de Paris et disparu, le 15 novembre 1976 à Neuilly-sur-Seine, Jean Gabin Alexis Moncorgé, de son nom à l’état civil, commence sa carrière comme chanteur de revue et d'opérette.
Ce fils d’un tenancier de café et d’une mère ouvrière, veut devenir, à 17 ans, conducteur de locomotive à vapeur comme son grand-père. Il débutera finalement en tant que figurant aux Folies-Bergère à 18. Avant de tourner dans son premier film, Chacun sa chance, en 1930 aux côtés de Gaby Basset, qu’il avait épousée en 1925, et de Jean Sablon. La suite sera ponctuée de petits rôles jusqu’à la rencontre décisive avec Julien Duvivier au début des années 30.
Sorti en 1936, La Belle Equipe est à la fois un hymne au Paris ouvrier, aux guinguettes des bords de Marne et à l’amitié. Charles Vanel, Viviane Romance et Jean Gabin, qui est alors âgé de 32 ans, y sont inoubliables. L’acteur collabore pour la quatrième fois avec Julien Duvivier, un cinéaste qui aura beaucoup compté dans sa carrière, un an seulement après La Bandera et un an avant Pépé le Moko, deux autres monuments du cinéma français des années 30. Dans La Belle Equipe, il entonne, capette sur la tête, la célèbre chanson du film Quand on s’promène au bord de l’eau que l’on doit à Julien Duvivier pour les paroles et à Maurice Yvain pour la musique.
En 1938, Quai des brumes, adapté du roman de Pierre Mac Orlan, contribue un peu plus à forger la légende Gabin et son style, mélange d’une présence imposante à l’écran et d’une gueule d’amour qui fait tourner les cœurs. Quai des brumes, c’est bien sûr la fameuse réplique prononcée par Gabin : «Tu as de beaux yeux, tu sais », suivie de la réponse tout aussi définitive de Michèle Morgan : « Embrasse-moi ! » Une scène d’anthologie. Inoubliable. Maurice Jaubert compose la musique du film. Ce brillant musicien français, fin et subtil, meurt à seulement 40 ans en 1940. Des années plus tard, François Truffaut le réhabilitera notamment dans Adèle H en 1975 et La Chambre verte en 1978.
J'ai tout de suite compris que pour réussir, je devais me diriger vers la porte d'entrée, pas par l'arrière
En 1952, sort La Minute de vérité, de Jean Delannoy. Paul Misraki signe la musique très enveloppante de ce drame où l’on retrouve, à nouveau, Michèle Morgan, qui joue Madeleine, épouse de Jean Gabin qui campe, lui, le rôle d’un docteur qui se retrouve au chevet d'un jeune peintre, incarné par Daniel Gélin, lequel a tenté de mettre fin à ses jours. Il s’avère que c’est aussi l’ancien amant de Madeleine. Dès lors, une explication a lieu qui bouleversera les rapports au sein du couple.
Dans les années 50, Jean Gabin joua souvent dans des films policiers comme pour Razzia sur la chnouf, d’Henri Decoin en 1955. Un classique du film noir français avec un Gabin dans la peau d’un truand, appelé Le Nantais, rentré en France après un exil aux Etats-Unis pour reprendre en main un réseau un trafic de drogue, dissimulé sous les aspects d’un paisible bistrot. La musique est composée par Marc Lanjean. Si Jean Gabin a souvent joué des gangsters, que ce soit dans Touchez pas au grisbi ou Mélodie en sous-sol, il a aussi été de l’autre côté de la barrière dans la peau de policiers intègres et pugnaces que ce soit dans les habits de Jules Maigret ou bien dans Le Pacha.
Jean Gabin fut aussi un homme de loi convaincant dans Verdict ou En cas de malheur en 1958 dans lequel, il succombe aux charmes de Brigitte Bardot. Compositeur attitré de Claude Autant-Lara, René Cloërec imagine le morceau baptisé Romantique, titre qui porte bien son nom. Jean Gabin incarne un célèbre avocat, qui, après avoir défendu une jeune voleuse en tombe amoureux, et finit par en faire sa maîtresse. Mais la belle, jouée par Brigitte Bardot, révélée deux ans plus tôt par Roger Vadim dans Et Dieu créa la femme, entretient en secret une relation avec un jeune ouvrier idéaliste et fougueux joué par Franco Interlenghi.
Moi, je n'ai pas d'amis. C'est trop fatigant d'être aimable.
8 ans après La Minute de vérité, Jean Gabin retrouve Jen Delannoy en 1960 dans une comédie où il a pour partenaire féminine Micheline Presle. Il endosse cette fois le costume d’un baron désargenté et joueur invétéré vivant à bord d’un yacht. Jean Prodromides compose notamment le titre Valse Deauville pour cette comédie qui réunira plus de 3 millions de spectateurs en salles. La décennie qui s’ouvre offrira à Jean Gabin d’autres très gros succès au box office tels que Un singe en hiver, Mélodie en sous-sol ou encore Le clan des Siciliens, des films marquants aussi par le casting qui offre à Jean Gabin des partenaires de premier plan, futures vedettes en puissance, que seront Jean-Paul Belmondo et Alain Delon.
A l’affiche du Pacha, de Georges Lautner en 1968, Gabin retrouve la même année Louis de Funès dans Le Tatoué, de Denys de la Patellière, un autre réalisateur qui a compté dans sa carrière et avec lequel il aura tourné à de nombreuses reprises à partir de 58 jusqu’en 1972 et le film Le tueur. Deux films et deux compositeurs différents là encore. Georges Garvarentz pour le premier et Hubert Giraud pour le second. Deux partitions que l’on pourrait qualifier d’assymétrique. Démonstrative et échevelée pour la première, mystérieuse, voire glaçante pour la seconde. Deux illustrations encore, si tant est qu’il faille le rappeler, de l’extrême variété des genres dans lesquels évolua Jean Gabin pendant près de 50 ans.
En 1976, Claude Bolling écrit la musique de L’année sainte, qui sera le tout dernier film de Jean Gabin, qui disparaissait sept mois après la sortie, à l’âge de 72 ans. Devant la caméra de Jean Girault, il incarnait une dernière fois un truand qui après s’être évadé avec un autre détenu, joué par Jean-Claude Brialy, échaffaude le plan de se déguiser en prélat pour mieux se fondre dans la foule des pèlerins à Rome où un magot a été enterré près d’une chapelle.
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