Aujourd’hui, nous vous proposons de lire "Il y a encore de la lumière sous mon chapeau" de Jean-Louis Fournier, paru aux éditions Buchet-Chastel. "Plus c'est vieux, plus c'est mieux" affirme Jean-Louis Fournier. On retrouve dans cet ouvrage, un regard décalé et souriant sur le monde.
Je sais, c’est idiot, mais je ne résiste pas à l’humour de Jean-Louis Fournier. Après tout, son regard décalé et souriant sur le monde ne peut que nous faire du bien, lui qui parle, dans ce nouveau livre du temps qui passe et de la vie qui nous file entre les doigts. En parlant du temps qui passe, parlons du temps passé : les plus anciens se souviennent de Pierre Desproges, et de la minute de monsieur Cyclopède, dont les textes étaient écrits par Jean-Louis Fournier, et qu’on peut retrouver sur le internet, c’est magique quand même. J’en viens à ce nouveau livre, non sans rappeler d’anciens titres toujours pertinents : « Veuf cherche femme immortelle », ou encore « Je ne suis pas seul à être seul », lui qui s’est surtout faire connaître par « Où on va papa », dédié à ses filstons. Avec « Il y a encore de la lumière sous mon chapeau », Jean-Louis Fournier soliloque sur la vieillesse qui frappe à la porte : « Plus c’est vieux, plus c’est mieux », affirme-t-il . A 85 ans, il joue avec les mots, s’amuse d’un rien, et nous fait sourire…
Un regard sur lui-même avec humour
Jean-Louis Fournier, c’est un peu un Raymond Devos mélancolique, un humoriste tendre, loin des chroniqueurs à la mode qui grincent et griffent. Avec Fournier, c’est drôle et doux : « Les vieux sont-ils recyclables ? » s’interroge-t-il : les jeunes peuvent y croire puisque « ils ont entendu dire qu’avec du vieux on peut faire du neuf. » Ce serait dommage de laisser les vieux dans l’oubli. Ainsi nous raconte-t-il sa passion pour la musique classique, pour les musées, recensant les génies octogénaires, Corot, Monet, Michel Ange ou Pierre Soulages. Il dresse la liste des écrivains, les comédiens, les chanteurs qui ont fait « de vieux os ». Des anciens, on peut certainement retenir quelque leçon de sagesse. Et Jean-Louis Fournier parle à cœur ouvert : « On meurt quand on n’est plus aimé », nous confie-t-il, lui qui éprouve la solitude depuis le décès de sa femme Sylvie. Alors il va à la rencontre des autres : « Depuis que je suis sur terre, j’essaie de plaire. Quand je n’y arrive pas, je cherche à déplaire, je réussis pas mal. Il faut que je provoque quelque chose chez les autres, bien ou mal, le pire c’est l’indifférence. »
Un petit livre qui fait du bien, qui nous donne un peu de la sagesse des vieux
Ce que j’aime dans son écriture, c’est cette simplicité du quotidien, des impressions qui nous bousculent gentiment… « Mon marchand de légumes m’appelle jeune homme, il croit me faire plaisir, je voudrais que l’adjectif « vieux » cesse d’être une insulte ». Vieux, c’est quand même mieux que « personne âgée » ou troisième âge non ? S’il ne cache pas les petits inconvénients de l’âge, il exprime aussi cette sagesse à laquelle nous aspirons tous : « Jeune, je croyais toujours avoir raison, vieux, je suis plus prudent, j’ai des doutes. » Il est paisible, Jean-Louis Fournier, prêt pour la dernière étape qu’il évoque avec humour : « Je n’aime pas aller aux enterrements, je n’ai pas envie de me faire repérer », et avec poésie : « Je suis arrivé en fin de course, en fin de piste, je voudrais décoller, mais on ne me donne pas l’autorisation. Je suis obligé d’attendre mon plan de vol. » Sur sa tombe, quand il rejoindra sa femme Sylvie, il a fait graver : « Finalement, nous ne regretterons pas d’être venu. »
Il y a encore de la lumière sous mon chapeau, Jean-Louis Fournier, aux éditions Buchet-Chastel.
Chaque jeudi à 8h44, Christophe Henning (La Croix) et Christophe Mory (RCF et Radio Notre-Dame) présentent le livre de la semaine.
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