Étoile filante de l’art du XXe siècle, le peintre américain Jean-Michel Basquiat est décédé prématurément en 1988 à l’âge de 27 ans. Son aventure créative a duré moins de dix ans mais elle a profondément marqué l’histoire de l’art contemporain. Au point que certains l’ont appelé le Rimbaud de la peinture. Deux expositions lui rendent actuellement hommage à Paris, l’une à la fondation Vuitton, l’autre à la Philharmonie de Paris. L’expo Vuitton est consacrée aux œuvres qu’il a coréalisées avec Andy Warhol, une des plus grandes signatures du Pop Art. Celle de la Philharmonie est axée sur le rôle de la musique dans l’œuvre de Basquiat. C’est cette seconde expo que je souhaite évoquer ce matin.
Parler de musique à propos d’un peintre, c’est surprenant… On découvre à la Philharmonie que l’œuvre de Jean-Michel Basquiat est littéralement baignée de musique. Il peignait en écoutant des musiques de toute sorte. Du classique, du rock punk, du hip-hop et beaucoup de jazz. Et l’exposition est accompagnée d’une bande son très présente. Avec des musiques que l’on peut ne pas aimer voire détester mais qui font de ce parcours une expérience très immersive.
Né en 1960 à Brooklyn d’un père d’origine haïtienne et d’une mère portoricaine, ce très beau jeune homme a fui sa famille lorsqu’il avait 18 ans pour explorer les nuits de New York. A ce moment-là, la ville connaît une effervescence artistique exceptionnelle. Basquiat passe ses nuits dans les clubs de musique. Il en fait lui-même mais, très vite, il s’affirme dans le domaine du graffiti et de la peinture. Ses premiers lieux d’exposition sont des boîtes de nuit. C’est là que des marchands d’art remarquent son talent et il devient une célébrité en très peu de temps. Hélas, il se brûle les ailes et meurt d’une overdose de drogue. Il restera comme le premier peintre africain-américain reconnu par le monde de l’art. Ses œuvres sont aujourd’hui parmi les plus chères dans les ventes aux enchères.
On y reconnaît le style très particulier de Basquiat, proche de l’univers du graffiti. Ses toiles sont souvent couvertes de mots griffonnés et d’onomatopées. Les tableaux débordent d’énergie et de couleurs. Son style tourne le dos à l’abstraction et au minimalisme qui étaient alors très en vogue.
La musique y tient un place tout à fait explicite. Tout comme les références sportives. Car ce furent les premiers domaines où les Noirs américains purent affirmer leur talent. Dans la composition de ses tableaux, Jean-Michel Basquiat s’inspire du génie de musiciens comme Charlie Parker, Miles Davis ou Dizzy Gillespie qui improvisaient à partir d’un cadre bien défini. Il utilise des photocopies pour répéter des motifs qu’il colle sur la toile pour inventer autour de somptueux à-plats de couleur.
Peu de temps avant sa mort, Jean-Michel Basquiat envisageait d’arrêter la peinture pour se consacrer à l’écriture, lui qui couvrait ses toiles de constellations de mots. On aurait aimé lire celui qui disait : "Je ne pense pas à l’art quand je travaille, j’essaie de penser à la vie."
> Exposition "Basquiat Soundtracks", à la Philharmonie de Paris, du 6 avril au 30 juillet 2023
> Exposition "Basquiat X Warhol, à quatre mains", à la fondation Vuitton du 5 avril au 28 août 2023
Chaque mardi à 8h45, Guillaume Goubert et Simon de Monicault présentent une exposition ou un événement qui raconte l'histoire de l'art.
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