Il est l'un des musiciens français les plus connus dans le monde. Pionnier de la musique électronique, Jean-Michel Jarre est l'homme des mégas concerts - 3,5 millions de spectateurs à Moscou en septembre 1997. Depuis sa naissance, en 1948 dans la ville de Lyon qu'il aime tant, quel parcours impressionnant ! Parcours qu'il raconte pour la première fois dans 'Mélancolique rodéo' (éd. Robert Laffont).
Quel étrange oxymore pour titre d'autobiographie : et si, finalement toute sa musique, et peut-être aussi sa vie, étaient de cet ordre : associer ce qui a priori ne va pas ensemble ? Jean-Michel Jarre, c'est quand même celui qui associe des synthétiseurs à un concert symphonique ou à des chants ethniques, ou encore la pyramide Gizeh avec des rayons lasers. 'L'oxymore est une bonne définition a posteriori de mon parcours, admet Jean-Michel Jarre, on dit souvent que les contraires s'attirent et dans mon trajet de vie c'est exactement ce que j'ai ressenti et c'est ce que j'ai senti au fil des pages, au fil de l'écriture.'
'Ma vie a été et est toujours une forme de rodéo.' En fait, cela peut concerner 'n'importe quel parcours de vie' quand il s'agit de décrire ce 'côté incertain' de la vie qui 'veut vous faire basculer d'un coté ou de l'autre' et qu'il faut 's'accrocher'. 'C'est le destin de chacun...' Quant à la mélancolie, elle 'fait partie de la nature humaine, on a tous une épine au fond du cœur ou plusieurs qu'on attrappe au fur et à mesure'.
'Il y a ce qui vous arrive, le destin, et la manière dont on va le suivre, l'affecter, le diriger.' Son épine, c'est l'abandon du père quand il avait cinq ans. Un père qu'il a peu connu mais qu'il évoque souvent dans son livre. 'Souvent il vaut mieux avoir quelqu'un contre lequel se rebeller, ça vous permet de vous construire, c'est plus difficile de se construire face à une béance ou une indifférence.' Mais cette douleur 'a aussi été un vecteur de construction'.
Son père, c'était Maurice Jarre (1924-2009), l'un des plus grands compositeurs de musiques de film du XXe siècle. Entre leurs deux vies, les parallèles sont nombreux. Pourtant, ils n'ont jamais parlé de musique ensemble. Il y a eu comme 'un mystère' chez ce père. 'Qu'est-ce qui s'est passé chez cet homme pour qu'il soit handicapé du coeur ? Il a dû y avoir une fêlure, une brisure que je n'ai jamais sue.'
Un passage portera son nom à Lyon en 2020. La mère de Jean-Michel Jarre, France Pejot (1914-2010) était une résistante du mouvement Franc-tireur, déportée le 15 août 1944 (dans le même convoi que Jacqueline Fleury-Marié). Aux yeux de son fils, France Pejot est 'une héroïne de la guerre et une héroïne tout court aux yeux de l'enfant que j'étais et de l'adulte que je suis'. 'Quelqu'un d'absolument objectivement extraordinaire' entrée très tôt dans la Résistance, capturée trois fois par les Allemands et échappée des camps.
'La résistance est comme un héritage tatoué dans mes gènes', écrit Jean-Michel Jarre. 'Un gène' qui l'incite aujourd'hui à toujours 'faire une différence entre une idéologie et un peuple'. Qu'il s'agisse de l'Arabie saoudite (où il a joué en 2018) ou de la Corée du Nord, l'artiste est prêt à se produire partout. Par conviction : 'Les populations qui n'ont pas les mêmes libertés que les nôtres, si en plus on les prive de culture, de musique, de cinéma, de littérature, on leur applique la double peine, au fond, et on a tendance à finalement faire une sorte de fondamentalisme à l'envers et à collaborer à une forme de radicalisation ou d'aliénation.'
Pour le compositeur, 'la culture c'est une forme de cheval de Troie' qui permet de 'créer du lien émotionnel, sur le plan du cœur'.
Émission d'archive diffusée en octobre 2019
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