A l’occasion des Jeux Olympiques, les éditions Futuropolis publient une biographie poétique du sprinter Jesse Owens, un immense athlète noir dont l’histoire traverse celle de l'Amérique ségrégationniste. Cet album est servi par des dessins magnifiques, un peu à la manière de Norman Rockwell. Jesse Owens, des miles et des miles de Gradimir Smudja est présenté dans la chronique BD de Stéphanie Gallet sur RCF.
Alors que les JO viennent de commencer, voici une BD qui retrace la légende d'une des plus grandes stars de l'olympisme : Jesse Owens. Cet athlète noir américain est resté célèbre pour avoir défié Hitler lors des Jeux Olympiques de 1936 en obtenant quatre médailles d'or.
Jesse Owens, petit fils d'esclave, est né en 1913. Il est le dernier d'une fratrie de onze enfants. Jesse Owens grandit dans la misère des plantations, là où les enfants doivent cueillir 70 kg de coton par jour. Un quotidien bercé par l'amour de ses parents et la violence des maîtres.
Avec le krach de 29 et et la grande dépression, Jesse alors âgé de 16 ans, quitte le sud et s’installe à Cleveland. Très vite, ses qualités de coureur sont remarquées. Désormais plus rien ne peut l'arrêter, et il ne cessera d'enchaîner les records : premier à courir le 100m en 10 secondes 2, il sera aussi pionnier sur le 200m et le saut en longueur avec un saut à plus de 8m13.
À l'été 1936, il revient des Jeux Olympiques de Berlin, auréolé de ses quatre médailles d'or. On a beaucoup glosé sur le silence d'Hitler par rapport aux différentes performances de l'athlète noir américain, mais ce qui en fait, a le plus blessé Jesse Owens, c'est le silence de Roosevelt. Car, si la foule américaine l'acclame, le président lui, refuse de le recevoir. Il veut assurer sa réélection et ne pas froisser ses électeurs du sud. Il faudra attendre l’arrivée de Gérald Ford à la Maison blanche en 1974 pour que Jesse Owens soit officiellement reconnu et inscrit au panthéon de l'histoire américaine.
L'album s'arrête aussi longtemps sur son amitié avec l'athlète allemand Lutz Long qu’il affronte au saut en longueur au Jeux Olympique de 1936 et qui arrive derrière Jesse Owens sur le podium. La légende dit que le sauteur allemand n’aurait pas donné son maximum pour ne pas serrer la main d’Hitler.
Gradimir Smudja, l'auteur de cette BD sur Jesse Owens est connu entre autres pour son album Vincent et Van Gogh. Pour retracer l’histoire de ce génial sprinter, Gradimir Smudja imagine le personnage d'Essej Snewo, un chat noir joueur de banjo, sorte de ménestrel en mode blues qui donne un ton fantaisiste et poétique à cette histoire.
Le blues se répand comme le pollen porté par le vent de bouche bouche, de cœur en cœur.
Notre chat Essej invente ainsi au petit Jesse toutes sortes de mésaventures qui vont l'obliger à courir toujours plus vite et échapper à nombre de dangers terrifiants, serpent, jar, bouc, mais aussi alligator, tornade ou ours sans oublier les adeptes du Klu klux klan.
C'est là ton destin mon petit frère, être toujours et quoi qu'il arrive, le plus rapide de tous.
Cet album est donc le portrait de Jesse Owens, un grand athlète mais aussi d'un homme droit dont l’histoire traverse celle de l'Amérique ségrégationniste. Cet album est servi par des dessins magnifiques, un peu à la manière de Norman Rockwell et on ne se lasse pas de les regarder. Chaque case est un véritable trésor d’illustration, les petites images comme celles qui s'étirent sur une double page sont toutes d’une force et d’une grande beauté.
Jesse Owens meurt le 31 mars 1980 d'un cancer des poumons. Près de 45 ans après, son histoire forge encore l’admiration.
Jesse Owens, des miles et des miles est signé Gradimir Smudja et est publié chez Futuropolis.
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