Chers jeunes retraités, entrez dans le monde du temps libre avec un regard neuf et contemplatif. Cultivez la vision poétique de votre nouvelle vie !
Parce que l'activité professionnelle éloigne de la vraie vie. Tous les travailleurs qui ont exercé des métiers scientifiques, techniques, commerciaux et des activités gestionnaires, c'est-à-dire l'écrasante majorité des retraités d'aujourd'hui, ont vécu pendant plus de quarante ans dans un environnement chronométré, parcellisé et monétisé. Tout se compte et il faut rentabiliser, objectiver sous l'œil des spécialistes.
Les professionnels doivent en permanence améliorer leur productivité afin de nourrir l'ogre techno-bureaucratique qui ne laisse pas de répit car la concurrence est à l'affût.
Ce monde est bien loin des besoins humains et de la vraie vie !
Je veux simplement suggérer aux jeunes retraités de regarder poétiquement le monde. Je les encourage à sortir du monde ancien des exigences de production, des hiérarchies professionnelles, des statuts, des titres, du temps contraint pour entrer dans le monde nouveau du temps libre.
Jeunes retraités, vous allez pouvoir vous poser, prendre du recul, contempler la beauté. Vous êtes enfin libre d’être vous-même, la société n’exige plus rien de vous. Maintenant c’est vous qui décidez. Partez à la découverte du monde avec un regard neuf, frais, empli d’étonnement et de questions qui peuvent être, par exemple : D’où venons-nous ? Dieu existe-t-il ? Qui suis-je vraiment ? L’amour est-ce important ? La Mort est-ce le néant ou une renaissance ? Voilà d’importantes questions qui n’ont jamais été traitée dans votre entreprise !
Pas sûr que tous se posent ces questions, mais la retraite est un temps long.
Le nouveau retraité devra se déconditionner de l’emprise de la froide rationalité et écouter ses émotions et le bruit du monde :
Vivre en poésie, c’est contempler, interrogez tout, visages, paysages, n’importe quel objet. Apprenons à apprivoiser le monde et reconnaissons la connivence qui nous uni à l’univers. De l’étonnement à l’émerveillement, mais aussi à la rébellion contre tout ce qui réduit, obscurci la splendeur de l’être
nous dit la poétesse Colette Nys-Mazure.
Vieillir c’est l’ultime occasion de devenir, enfin, soi-même.
C’est une période fantastique de liberté et de créativité. Au XVIIe siècle, le grand philosophe allemand Hegel disait
Pour faire sortir le génie de l’activité personnelle, il faut que le poète soit affranchi de toute activité pratique ou autre. Qu’il contemple le monde intérieur ou extérieur d’un œil calme et libre
C’est une manière de contempler l’univers, un rapport de l’esprit aux choses du monde qui convient mieux à la vieillesse qu’à la jeunesse, car dans la vieillesse, les intérêts de la vie existent encore mais ce n’est plus avec la vivacité ardente des passions juvéniles. La vieillesse est le plus bel âge pour la production poétique pourvu qu’elle sache conserver l’énergie de l’intuition et du sentiment
La poésie est contemplation pure
Auditeurs retraités, soyez en attention au lever du soleil, aux gouttelettes de rosées qui illuminent chaque brin d’herbe, à l’éclosion de la rose, à la douceur de votre compagne, au sourire de vos petits-enfants, à la saveur d’un plat mijoté, à la rougeur des coquelicots, à la tendresse des couchers de soleil.
C’est incroyable d’avoir des yeux qui nous permettent de contempler toutes ces splendeurs. Quel émerveillement que pouvoir gouter le silence matinal, la solitude nocturne. Quel vertige que de communier avec l’immensité d’un ciel étoilé. Enfin s’éprouver minuscule poussière d’univers en communion avec le divin n’est-ce pas sublime.
C’est cette présence à soi, au monde et à la transcendance que j’appelle poétiser notre vie.
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