Depuis les années 50, une impitoyable frontière divise le peuple coréen, si bien que chacun des deux États a suivi un chemin de développement radicalement différent. Corée du Nord, Corée du Sud: mais que sait-on vraiment de ces deux pays? Manifestement pas grand chose, si on en croit les spécialistes. Le journaliste Dorian Malovic est de retour de Corée du Nord, où il a pu profiter d'un visa de 10 jours pour réaliser un reportage publié dans La Croix. Quant à la Corée du Sud, on peut la découvrir grâce au travail de deux artistes, Yunbo et Samir Dahmani, auteurs de bande dessinée.
La Corée du Nord, six acteurs tournent autour: "si on veut en avoir une idée la moins fausse possible", il est nécessaire de "décrypter" ce qu'en disent le Japon, la Corée du Sud, la Chine, la Russie et les États-Unis. Monsieur Asie chez La Croix, cela faisait des années, 30 ans, que Dorian Malovic tournait autour du pays sans pouvoir y entrer. C'est chose faite, depuis le 17 octobre il nous rapporte son témoignage, rare et inattendu. La Corée du Nord qu'il nous raconte en effet est en léger décalage avec l'image que l'on s'en fait habituellement. "On dit souvent que la Corée du Nord vit une famine permanente depuis 10 ans, ce qui est totalement faux aujourd'hui."
"Loin de loi l'idée de défendre le régime politique de Corée du Nord", prévient Dorian Malovic. Ce à quoi il nous invite c'est à nous débarrasser, comme lui-même l'a fait en entrant dans le pays, de nos "grilles mentales". Et à prendre conscience qu'en réalité on sait peu de choses du pays si on ne tente pas de le comprendre vraiment.
Dorian Malovic est l'auteur avec Juliette Morillot de "La Corée du Nord en 100 questions" (éd. Tallandier), qu'il faut lire pour regarder de plus près comment fonctionne le pays. "En tant que Sud-Coréenne, je ne sais pas grand chose de la Corée du Nord", témoigne Yunbo. C'est que les médias sud-coréens entretienent eux aussi l'image d'un pays diabolique.
Du discours opposant les deux Corée, émerge au sud l'image d'un champion économique connecté inondant le monde de ses produits technologiques. Mais sait-on que sa société reste travaillée par la tradition et il est difficile de s’émanciper de la cellule familiale? "Il y a un grand conflit entre les générations, témoigne Yunbo, on ne se comprend pas tout à fait." Notamment parce que contrairement aux anciens, les jeunes ne savent pas ce qu'est la faim.
Pour les jeunes, et les jeunes femmes sud-coréennes notamment, la pression de la famille est importante. Yunbo en témoigne dans "Je ne suis pas d’ici" (éd. Steinkis). Comme un écho au roman graphique, Samir Dahmani passionné par la Corée, a écrit "Je suis encore là-bas" (éd. Warum). Il confirme la pression conservatrice et traditionnelle de la société nord-coréenne. Pour Dorian Malovic, "ce pays qui se présente comme moderne libre ouvert est vraiment rongé par ce conservatisme et par une corruption que vous ne pouvez même pas imaginer".
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !