La laïcité n’est pas l’invisibilisation des religions, par Floraine Jullian

Un besoin presque viscéral de rappeler son existence pour lutter contre une peur de l’effacement. Il doit certainement y avoir beaucoup d’explications, mais j’ai envie, ce matin, de creuser une des raisons. Pour moi, elle trouve ses racines dans un préjugé lié à la laïcité. 

Beaucoup pensent que la laïcité est l’absence de visibilisation de son identité religieuse dans l’espace public. Il faudrait apprendre à vivre ensemble sans montrer nos différences, ne pas faire de vague en sachant qu’il y a sur le même territoire des personnes de religions et convictions différentes.

Un débat souvent sur la table

En France, rien n’interdit de revendiquer publiquement son identité religieuse. Sauf que vu que ce préjugé existe, il a des impacts sur nous, dont la non valorisation naturelle de nos identités parce qu’on a intériorisé que ce n’était pas forcément naturel. Si vous allez aux Etats-Unis par exemple, il y a de grande chance qu’en rencontrant quelqu’un il vous demande votre religion, ce qui est rare en France quand vous faites une nouvelle connaissance.

Ce préjugé entraîne une forme de cohabitation passive, qui est en réalité une fausse bonne idée : elle nourrit les fantasmes et les préjugés, elle empêche d’assumer son identité avec les autres et entraîne des incompréhensions mutuelles qui poussent au repli sur soi ou encore à l’affrontement. C’est ce que j’ai pu voir sur X, anciennement Twitter, ces derniers jours. L’absence en temps de paix d’une coexistence active, qui favorise la rencontre de l’autre et la déconstruction de préjugés, génère des affrontements encore plus violents en période de crise parce qu’on se sent d’autant plus menacé. Morale du jour : on révise ses classiques sur la laïcité et on est fiers de notre diversité !