La sortie cinéma de la semaine pour Valérie de Marnhac c'est le nouveau film de Bruno Podalydès, "La Petite Vadrouille", un an exactement après la comédie "Wahou" !
J’ai réalisé qu’au cinéma aussi, il y avait des saisons et que certains réalisateurs en étaient les signes avant-coureurs ! De même que l’hirondelle annonce le printemps, Woody Allen par exemple, a toujours précédé l’arrivée de l’automne, pendant près de 50 ans, chaque année en septembre, en sortant un film avec une régularité de métronome. Et Bruno Podalydès est en passe de devenir le cinéaste de l’été. Depuis son premier long-métrage en 1998, tous sont sortis invariablement en juin, à la manière d’un rendez-vous qu’il nous fixe ! Et cette petite vadrouille a la lumière et la couleur de l’été qui vient. Il est une promesse de vacances, d’insouciance et de légèreté. À la sauce Podalydès, elle navigue entre fantaisie loufoque et comédie humaniste.
C’est l’histoire d’une arnaque dans laquelle une bande de bras cassés menée par Sandrine Kiberlain et son mari, joué par Denis Podalydès, vont tenter par tous les moyens d’extorquer le plus d’argent possible à un riche chef d’entreprise, prêt à tout pour conquérir la femme qu’il a choisie. C’est Daniel Auteuil qui incarne avec beaucoup de facétie ce précieux ridicule, imbu de lui-même, sûr de son charme et de son pouvoir. Et le réalisateur embarque – au sens propre – tout ce petit monde sur une péniche, en croisière, au rythme lent de la navigation fluviale, où chacun va devoir tenir son rôle de pacotille.
Il a un style, une esthétique bien à lui, un univers sage en apparence, mais un brin décalé, un ton drôle, tendre et gentiment fantasque. Et sous cette forme burlesque et légère, la réflexion n’est jamais loin… Entre deux gags bien huilés, il glisse un uppercut. Ici, quand un complice s’inquiète d’être reconnu sous ses déguisements successifs d’éclusier ou de paysan, les autres le rassurent par un cinglant.
Il raconte qu’il lui est venu d’une boite de prestidigitation reçue en cadeau enfant, et qu’il pratique toujours aujourd’hui en famille. Cela donne lieu à une des plus jolies scènes du film. Une jeune trapéziste se balance doucement sous un pont. Alors que la péniche arrive et va la heurter, sans lâcher la corde des mains, elle se met à marcher sur le pont du bateau, avant de reprendre imperceptiblement son balancement. C’est merveilleux de grâce et de poésie ! Et chez lui, il y a aussi ce côté ‘cinéma de troupe’. Ses acteurs sont très fidèles et certains, comme Isabelle Candelier ou Jean-Noël Brouté, et son frère aussi évidemment, sont là depuis le début. Ce qui donne une impression d’être en famille.
Une affaire domestique ! Tout a commencé à leur domicile de Versailles, dans les années 60-70, quand leur père organisait des projections, le dimanche après-midi. Les deux jeunes frères montaient alors leurs propres spectacles de marionnettes. Puis l’un est devenu acteur, et sociétaire de la Comédie française, Denis, et l’autre réalisateur, Bruno, mais ils écrivent et jouent ensemble.
On peut parler de films de frères, comme on parle des frères Dardenne, ou des frères Lumière. Ils se sont d’ailleurs amusés à les interpréter à l’écran, en clin d’œil, dans le film Chocolat de Roschdy Zem.
Mais pour l’heure, le film qui sort au cinéma cette semaine, c’est La Petite vadrouille et il nous donne un avant-goût d’été
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