Maître d'art en France, Trésor national vivant au Japon... Jean Girel a reçu des titres prestigieux. Il a beau être reconnu comme l'un des plus grands potiers céramistes en France et dans le monde, il cultive un mode de vie discret, loin des honneurs, dans son atelier de Bourgogne. Une vie à explorer le mystère de la rencontre entre l'eau, la terre, l'air et le feu, ou à tenter de percer le secret de beauté des céramiques Song, qui le passionnent tout particulièrement.
La girelle, c'est le nom que l'on donne au plateau sur lequel tourne le potier... Il n'y avait pas de potier dans sa famille : c'est à l'âge de 10 ans, dans son lycée de Chambéry, que l'occasion lui a été donnée de suivre des cours de poterie. Sous les yeux étonnés de l'enseignant, Jean Girel a réussi du premier coup son premier pot. Cette "innnocence des gestes" : "Il faut des années pour retrouver l'innocence de la première fois." Jusqu'au milieu des années 70, Jean Girel a conjugué une carrière de professeur d'arts plastiques, de peintre et de céramiste.
"J'ai découvert un jour deux céramiques chinoises de l'époque Song au musée Guimet à Paris, pour moi ça a été un bouleversement." Il y avait notamment une urne funéraire avec un oiseau sur le couvercle et un tigre autour de la pièce : elle dédageait "une telle douceur, un tel rayonnement ! Il y avait autour comme une sorte d'aura".
Une autre de ces pièces Song, un bol, avait "une telle intensité" que l'artiste a aussitôt été interpellé par "une telle énergie avec cette économie de moyens". Il s'est dit "c'est vers ça qu'il faut tendre", et il a cessé de peindre pour se consacrer à la céramique.
"Ce que je veux c'est arriver à trouver cette intensité." Depuis sa découverte au musée Guimet, cette idée ne l'a jamais quitté. "Mettre le maximum d'intensité de ma perception de l'univers dans l'objet, dans la forme la plus simple et la plus petite possible, et essayer de faire rayonner cette forme par la qualité de lumière qu'elle peut dégager."
Émission d'archive diffusée en mars 2020
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