Dimanche 7 avril 2024, le président rwandais Paul Kagame a rallumé la flamme du Mémorial de Kigali, 30 ans après le génocide perpétré contre les Tutsis. C'est l'un des quatre lieux de mémoire du génocide, où sont enterrés les restes de quelque 250.000 victimes. Un lieu poignant où une cellule psychologique a été mise en place pour les visiteurs mais aussi pour les employés.
Le discours d’Emmanuel Macron diffusé ce dimanche 7 avril à l’occasion de la 30e commémoration du génocide perpétré contre les Tutsis a suscité la polémique. Le président français n'a pas prononcé celui qui avait été annoncé par l'Élysée. Il a finalement réitéré le message qu'il avait délivré en 2021. Tandis qu'en France la question de la responsabilité française dans le génocide fait débat, au Rwanda, le président Paul Kagame a critiqué, ce dimanche 7 avril, la "lâcheté" de la communauté internationale. Depuis trente ans au pouvoir, il défend une politique qui fait la part belle à la réconciliation et à l'unité nationale. Le mémorial de Kigali est un lieu poignant, où une cellule psychologique a été mise en place.
En 100 jours, entre le 7 avril et le 17 juillet 1994, entre 800.000 et un million de personnes ont été massacrées - et encore, il ne s’agit que d’estimations. Depuis 1994, plus aucune mention de l’origine ethnique des Rwandais n’apparaît sur les documents d’identité. Cette distinction avait été introduite par les colonisateurs belges durant les années 30.
Près de 30 ans après la fin du génocide, le dynamisme du pays semble évident. Il mise sur le tourisme et attire de plus en plus les capitaux étrangers. On peine à imaginer la tragédie qui s’est déroulée dans les collines verdoyantes de ce pays d’Afrique.
Bien que l’on n’en parle pas dans les familles, le génocide reste présent, si l’on est attentif, à travers les nombreux mémoriaux qui jalonnent le pays. Ainsi, le mémorial de Kigali, inauguré en 2004, est à la fois "un lieu de mémoire et d’apprentissage" selon ses responsables, eux-mêmes rescapés du génocide. Dans cet endroit se mêlent les témoignages de bourreaux et de survivants. Comme l’illustration visible de la réconciliation qui tente de s’opérer dans le pays.
À Kigali, le mémorial repose sur plusieurs fosses communes, où se trouvent les restes de 250.000 victimes. En surface c'est un jardin verdoyant, le Jardin de la mémoire. Ce genre de mémorial a également pour vocation d’entretenir et d’enseigner la paix. Aujourd’hui, les écoliers rwandais apprennent ce qu’est cette paix dans les établissements scolaires. Les responsables de mémoriaux, comme celui de Kigali, assistent ainsi régulièrement les enseignants afin d’inculquer un message de paix dans leur travail au quotidien auprès de la jeunesse.
Outre le mur recouvert des noms des victimes, le mémorial de Kigali envisage la construction d’un mur portant les noms de "justes", c’est-à-dire des personnes qui sont venus en aide aux Tutsis en 1994. Au niveau national, ces gens ont été remerciés par le président Kagame pour leur courage. "C’est une grande inspiration pour ce programme d’unité et de réconciliation", dit-on à Kigali.
Près du mémorial, se trouve un musée qui abrite plusieurs expositions, dont la plus longue retrace le contexte historique et la chronologie des événements. À l’entrée du musée, un mot saute aux yeux : "Kwibuka". Ce qui veut dire "mémoire". Un lieu poignant, très fort en charge émotionnelle. D'ailleurs une cellule psychologique a été mise en place, car il n’est pas rare que face à tant de souvenirs, des visiteurs, voire des employés du musée, craquent. Le prix de la mémoire.
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