Leur vocation, combattre en terre sainte. L'ordre des Templiers a été officiellement reconnu par l'Église en 1129 et brutalement dissous à partir de 1307. Il a suscité et suscite encore une certaine fascination. Cette fraternité de chevaliers qui suivent une règle quasi monastique tout en restant des hommes de guerre est inclassable. Son succès a été fulgurant et son pouvoir colossal, mais sa fin fut aussi tragique qu'inattendue. Xavier Hélary retrace leur histoire dans "Les Templiers - Leur faux trésor, leur vraie puissance" (éd. First).
"Ce ne sont pas vraiment des moines", prévient Xavier Hélary. Les membres de l'ordre du Temple sont des chevaliers devenus religieux, et non l'inverse. Leur vocation, c'est l'alliance a priori incompatible dans le christianisme de la vocation religieuse et du droit de tuer. C'est probablement cela qui a fasciné dès les débuts de l'ordre et qui continue de fasciner aujourd'hui. C'est aussi ce qui a valu aux Templiers de nombreuses critiques, comme celle d'Isaac de l'Étoile (v. 1105/1120 - 1178). Ce moine cistercien a parlé de la création d'un "nouveau monstre" à propos de la fondation de l'ordre.
L'ordre du Temple est né de l'intuition d'Hugues de Payns (1170-1136), chevalier originaire de Champagne, après la prise de Jérusalem, lors de la première Croisade lancée en 1095 à l'appel du pape Urbain II. En 1099 la ville sainte est aux mains des croisés mais il faut une armée permanente pour assurer la garde du royaume. Or, au Moyen Âge cela n'existe pas encore : la mission des Templiers sera de garder les frontières du royaume et d'assurer la protection des pèlerins.
Le succès est quasi immédiat pour l'ordre du Temple. Il serait né à la fin des années 1110 à Jérusalem mais c'est à partir de sa reconnaissance par l'Église en 1129, lors du concile de Troyes, qu'il reçoit d'une aprt un grand nombre de donations et suscite d'autre part de nombreuses vocations nombreuses. "C'est extrêment frappant de voir que dans tout l'Occident l'ordre du Temple est connu et que de très nombreuses vocations sont manifestées à ce moment-là", souligne l'historien. À leur apogée, vers 1200 ou 1250, ils étaient environ 1.000 chevaliers dans toute la chrétienté.
Ils auront beau invoquer la mémoire de saint Bernard, la grande figure de l'ordre cistercien et le "parrain de l'ordre" pourrait-on dire, les Templiers n'ont pu échapper au conflit de pouvoir entre le pape et Philippe IV le Bel. En 1307 et jusqu'en 1314, ils sont arrêtés et soumis à la torture. Et ce n'est que sous la torture qu'ils avoueront les crimes dont on les accuse. Ils ont été arrêtés sur volonté du roi alors que l'ordre était placé sous la responsabilité directe du souverain pontife.
Des accusations "forgées de toute pièce", précise Xavier Hélary. Beaucoup d'entre elles concernent le rituel lors de la cérémonie de réception dans l'ordre. On leur a reproché d'y adorer une idole, de renier la croix et d'encourager les relations sexuelles entre eux. Longtemps les historiens ont cru que ces accusations pouvaient avoir eu un quelconque fondement, mais aujourd'hui ils sont très clairs, "on a aucune preuve d'aucune accusation".
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