Il y a un 36 ans, la France apprenait la mort tragique d’un jeune homme en marge des manifestations étudiantes à Paris dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986. Malik Oussekine, un étudiant de 22 ans, mourrait après avoir été violemment frappé par des policiers. Récit de ce drame qui inspire le film "Les Frangins", de Rachid Bouchareb, qui sort en salles le 7 décembre 2022.
C’est après plusieurs semaines de contestations contre le projet de loi porté par Alain Devaquet, alors ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, que ce drame survient. Ce projet de loi vise notamment à instaurer la sélection à l'université en fonction des besoins du marché, des capacités d'accueil des établissements, mais aussi des performances scolaires des futurs étudiants. Une perspective inacceptable aux yeux de la jeunesse de 1986, qui bat le pavé.
En marge de la manifestation du 5 décembre, à laquelle il ne participait pourtant pas, Malik Oussekine, un étudiant de l’Ecole supérieure des professions immobilières est poursuivi par des "voltigeurs", des policiers à moto, jusque dans le hall d’un immeuble de la rue Monsieur-le-Prince à Paris où il est passé à tabac. Il meurt un peu plus tard à l’hôpital Cochin.
Dans une archive de l’époque, les journalistes précisent : "Il décède d’un arrêt cardiaque. Le procureur de la République dira aujourd’hui que sa mort est dûe à une décompensation cardiaque créée par un état pathologique rénal antérieur, le jeune Malik Oussekine était dyalisé. Cependant plusieurs témoignages concordants ont rapporté depuis cette nuit le matraquage auquel il a été soumis." Interrogé, l’avocat de la famille Oussekine, Georges Kiejman répond alors : "En matière judiciaire et de coup mortel... la vraie question c’est de savoir si sans les coups, Oussekine serait mort. Et nous savons bien que non, que sans ces coups Oussekine ne serait pas mort."
Au lendemain de cette mort, les manifestations redoublent. Alain Devaquet présente sa démission, son projet de loi est retiré. Le président François Mitterrand vient présenter ses condoléances à la famille de Malik Oussekine. Quatre ans plus tard, les deux voltigeurs impliqués sont condamnés à deux et cinq ans de prison avec sursis. Une condamnation jugée trop clémente, qui donne lui à de nouvelles manifestations et à la suppression du bataillon des voltigeurs motorisés de la police.
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