LA CHRONIQUE CINÉMA - Cette semaine sort le film d’Anne Fontaine consacré à l’une des œuvres les plus connues du répertoire classique, et des plus jouées au monde : le BOLÉRO de Maurice Ravel.
Le Boléro est joué dans le monde en moyenne une fois tous un quart d'heures ! Comme le morceau dure à peu près 15 minutes, cela signifie qu’il est joué quasiment sans discontinuer.
Pour montrer l’ampleur de son succès, le générique commence par des images d’archives venant des 4 coins de la planète, avec des orchestres symphoniques, des Mariachis mexicains, des jazzmen américains, des enfants d’Afrique noire qui dansent dans la rue, tous sur la musique de Ravel. Un morceau devenu totalement universel et intemporel.
Anne Fontaine s’est inspirée d’une biographie du musicien dont elle a comblé les creux. Et c’est Raphael Personnaz qui interprète la vie de Ravel, un homme très secret, entouré de nombreuses femmes mais resté sans compagne et dont la vie a été envahie, dévorée par la musique. Le film cherche à percer ce mystère de la création artistique.
Comment une œuvre nait-elle de la main ou de l’esprit d’un homme ? Où puise-t-il son inspiration ? dans la nature, dans le monde qui l’entoure ? « Tout est musique » dit-il, le cliquetis d’une machine, les gouttes d’eau sur un toit, un parquet qui grince… On n’est pas dans un biopic classique mais plutôt dans un genre nouveau, une sorte d’enquête artistique, sensorielle et intimiste, très réussie.
C’est une commande pour un ballet d’Ida Rubinstein, ex-danseuse des ballets russes, personnage fantasque, exaltée, merveilleusement joué par Jeanne Balibar. Le feu et la glace avec Ravel est tout l’opposé, réservé, délicat, cérébral. C’est peut-être la rencontre de ces deux êtres qui a permis la naissance d’un chef d’œuvre.
Le Boléro, c’est un thème musical tout simple, sur une base rythmique plus complexe, le tout répété 17 fois, de manière crescendo, jusqu’à un final explosif. Il dit dans le film « c’est un peu comme la vie, elle commence tranquillement, puis les jours se répètent et à la fin, tout s’emballe ».
Elle est jouée par Dora Tillier, très émouvante en amie-amoureuse, fidèle jusqu’au bout. Leur histoire est largement romancée mais elle éclaire bien une autre hypothèse du film : c’est l’art qui comble le manque. Ou comment Maurice Ravel aurait sublimé par la musique son incapacité à nouer des relations charnelles avec les femmes ? Alexandre Tharaud, le grand pianiste qui prête ses mains comme doublure dans le film, dit de Ravel qu’il est l’un des compositeurs les plus sensuels et les plus sexuels qu’il connaisse !
Au milieu de ses meubles, ses photos, son piano. C’est un lieu assez émouvant qui peut se visiter. Le reste du film offre une belle reconstitution du Paris de l’entre-deux guerres, puisque Maurice Ravel va s’éteindre en 1937. Il ne composera presque plus rien après le Boléro et pourtant, un mois avant sa mort, il confiera « j’ai encore tant de musiques dans ma tête, j’ai encore tellement à dire… ».
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